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Alice.

Oui, monsieur

Elle récite.

Le vieillard et les trois jeunes hommes.
Un octogénaire plantait.
Passe encore de bâtir,
Mais planter à cet âge…

Du Tréteau, l’arrêtant.

C’est très bien ! Ça suffit, vous savez ! et comme je suis content de vous, je vais vous embrasser.

Il l’embrasse.

Plusieurs élèves.

M’sieur ! m’sieur ! moi je sais aussi ! je sais aussi !

Du Tréteau.

Bon ! bon ! tout à l’heure !… (À Berthe.) Mademoiselle Berthe. (À part.) Elle est très gentille, la petite Berthe. (Haut.) Votre leçon.

Berthe.

Je ne la sais pas.

Du Tréteau, sévère.

Vous ne la savez pas ! c’est très mal. Et moi qui pour vous encourager vous avais donné un baiser hier ! vous ne le méritez pas, rendez-le moi tout de suite !

Il tend la joue.

Berthe.

Voilà, monsieur.

Elle l’embrasse.

Du Tréteau.

C’est très bien. (Au public.) Eh ! bien, voilà, c’est un système à moi, ça ! On ne mène pas les jeunes filles comme les garçons, voyez-vous.

I

Je suis le pion des demoiselles,
Je suis galant, ferme à la fois,
Jamais de peines corporelles,
Grâce et douceur, voilà mes lois.
À la fillette que j’embrasse,
Je prouve que je suis content ;
Et lorsque l’on tombe en disgrâce,
C’est un baiser que l’on me rend.