Page:Feydeau - La Lycéenne.pdf/86

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Toutes.

Ah ! bravo !

Lemplumé.

Mais pardon, vous vous trompez de physique, celle-là n’est pas dans le programme.

Bouvard.

Pardon, si, c’est dans le nouveau programme. (Continuant.) Cette pièce de cent sous, je la mets dans ce mouchoir. Elle y est bien. Eh bien ! regardez, une,… deux,… trois,… disparue ! (Il déploie le mouchoir, la pièce tombe sur le parquet.) Et voilà ! c’est manqué. (Il ramasse la pièce.) Je la remets dans le mouchoir ; monsieur le proviseur, veuillez compter jusqu’à dix, à haute voix. (Il couvre la pièce du mouchoir qu’il serre immédiatement au-dessous de la pièce.) Veuillez couper le mouchoir, mademoiselle. (Une élève coupe. – Au proviseur qui continue à compter et qui a atteint vingt ou vingt cinq.) Quand vous serez à dix, vous vous arrêterez ! (Aux élèves.) Là, vous voyez bien ce trou dans le mouchoir !

Les Elèves.

Oui, oui.

Bouvard.

Vous le voyez, monsieur le proviseur !

Lemplumé, inquiet.

Mais c’est mon mouchoir.

Bouvard.

N’ayez pas peur, je vous le remettrai dans le même état ! (Aux élèves.) Vous voyez un mouchoir avec un trou ! Je vais vous en remettre un sans trou. Pour ça, je le mets dans ma poche, je le retire. (Il retire son mouchoir qui est d’une autre couleur que celui du proviseur.) Eh bien ! il n’y a plus de trou !

Quelques Elèves.

Mais ce n’est pas le même mouchoir !

Bouvard.

Mais je n’ai pas dit que ce serait le même mouchoir. J’ai dit qu’il n’y aurait plus de trou. Si les mouchoirs étaient pareils, on n’y aurait vu que du feu. C’est pas la peine de débiner le truc.