Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/101

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Francine.

Eh ! bien, hein, « tristé » ? ça prouve bien !… C’est pour ça que je dis qu’une bonne fortune qui se réduit à l’indispensable, pffut ! ça me fait l’effet d’un gourmet qui dîne au buffet de la gare entre deux trains ; il s’est nourri, peut-être ; mais il n’a pas dîné.

Massenay, s’appuyant sur ses poings enfoncés dans le matelas.

Oh ! mais dis donc : je crois que pour quelqu’un qui traite les autres de raffinés…!

Francine, se laissant retomber sur le dos, la tête sur l’oreiller, tandis que Massenay s’assied de biais sur le bord du lit. Ah ! Qu’est-ce que tu veux ? je passe par des impressions neuves, je les analyse… Et puis vois-tu, il y a autre chose qui est à considérer : un bon dodo, comme ça, outre la saveur qu’on y trouve, ça donne tout de suite à l’amour une petite allure conjugale qui le relève. Ça efface le côté clandestin et pour une femme honnête c’est beaucoup plus convenable.

Massenay, gentiment moqueur.

Comme j’aime la délicatesse de tes sentiments…

Il l’embrasse.
Francine, se redressant sur son séant.

C’est égal, tout de même, c’était écrit que tu devais être mon amant ! Ce sont des choses fa-