Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/111

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chez lui et s’adresser à sa femme.) It’s me, Gaby, dont be afraid ?… (Il fait un effort pour se mettre en branle, descend jusqu’au souffleur, s’arrête, sourit, puis.) On ne voit rien ici !… (Indiquant sa lanterne dont il s’éclaire l’estomac.) Je ne sais pas ce qu’elle a ma lanterne, elle éclaire à l’envers !… (Perdant légèrement l’équilibre ce qui lui fait faire deux pas en arrière.) Ça me fait marcher à reculons. (Il souffle comme un homme gris, essaie de relever ses paupières alourdies, regarde le public, sourit, puis.) Je suis un peu saoul… pas beaucoup, mais un peu… (Il remonte de deux pas, puis s’arrête.) Qu’est-ce que je voulais dire ?… rien !… Ah ! si !… (Indiquant la porte dont le battant est resté grand ouvert.) la porte ! (Se parlant à lui-même et se répondant.) Hubertin ! — Quoi ? — T’as pas fermé la porte ! — Mais c’est vrai mon vieux !… C’est pas parce qu’on est saoul qu’il faut pas être prudent ! (Il oscille une ou deux fois du haut du corps sans que ses pieds bougent de place, fait un violent effort pour démarrer, puis remonte à reculons comme poussé en arrière par la projection de sa lanterne sur sa poitrine. Arrivé au fond de la scène il s’arrête un instant, vise de l’œil la porte, fait deux pas en avant, recule d’un pas, refait deux pas, recule à nouveau.) Nom d’un chien ! qu’elle est loin ! (Prenant brusquement son élan, la tête en avant, ce qui entraîne le reste de son individu, il va d’une traite à la porte, dont il referme le battant par le seul poids de son corps.) Ouf ! ça y est ! (Parlant à la porte contre laquelle il s’arc-boute de la main gauche pour ne pas tomber, tandis que de la main droite il fouille dans sa poche pour prendre la clé qui va à la serrure.) Attends ! j’ai pas fini…