Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/228

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inaperçu… On retiendra le nom de Francine, parce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement… mais le tien ne sera pas prononcé ; on poursuivra contre inconnu : Madame Chanal contre trois étoiles.

Massenay, jouant machinalement comme Chanal avec une des queues de l’autre extrémité du boa de Francine.

Oh ! mon ami, tu es d’une délicatesse.

Chanal.

Mais, voyons ! Ce n’est pas parce que j’ai éprouvé un déboire conjugal que je vais obéir à de vils sentiments de représailles… Ah ! bien !… ce serait d’une jolie nature ! (Se levant, et tout en tenant le dossier de sa chaise comme un homme qui se dispose à rapporter celle-ci où il l’a prise.) Non, il ne s’agit plus de moi maintenant ! il s’agit de toi ! il s’agit de ton bonheur ! (Remontant avec la chaise pour la rapporter à sa place.) Il s’agit de celui de ta femme.

Massenay, profondément ému, se levant.

Il pense même à ma femme.

Il reporte sa chaise où il l’a prise ; Francine reste seule assise sur son fauteuil.
Chanal, redescendant, et debout près de sa femme.

J’irais briser l’avenir de deux êtres qui ont tout pour être heureux ?… Jamais !

Massenay, redescendant de l’autre côté de Francine.

Écoute, tu es sublime ! (À Francine, en se courbant légèrement pour lui parler.) Il est sublime !

Francine, comme sortant d’un rêve.

Sublime !