Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/229

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Chanal, avec bonhomie.

Mais non, il faut être comme ça !… (La main sur le dossier du fauteuil de sa femme.) J’estime que le mariage est comme une partie de baccara ! Tant que vous avez la veine, vous gardez la main… Après une série plus ou moins heureuse, arrive un monsieur plus veinard qui prend les cartes contre vous ; il gagne le coup ?… La main passe !… Eh bien, c’est ainsi que j’entends qu’il en soit : J’ai perdu le coup ; il y a une suite : À toi les cartes ! La main passe !

Massenay, qui a écouté toute cette profession de foi en ponctuant chaque phrase d’une approbation de la tête — après un petit temps, frappé tout à coup par le dernier mot de Chanal. La main ?… Quelle main ?

Chanal, du ton le plus naturel.

Eh bien, celle de ma femme, parbleu ! (Tout en parlant, il a sorti la main de Francine de son manchon, et la lui présentant en la tenant par le poignet.) Elle est à toi… Je te la donne !

Sur chacune de ces deux phrases il agite la main de sa femme, qui ballotte chaque fois inerte et molle.
Massenay, bondissant en arrière.

Hein ?

Chanal.

Eh ! bien quoi ? évidemment ! puisque tu l’épouses !

Même jeu avec la main de sa femme.