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Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/28

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Chanal.

Et qu’est-ce qui me vaut votre visite ?

Il lui fait signe de s’asseoir.
Hubertin, sans s’asseoir.

Mille grâces, je ne veux pas abuser de vos instants. (Changeant de ton.) Vous ne devinez pas ? Les dettes de jeu se payent dans les vingt-quatre heures, et je suis votre débiteur.

Chanal.

Oh ! il ne fallait pas vous déranger pour ça ! Ce sont là des règles qui sont faites pour les professionnels, mais elles ne sauraient avoir force de loi, entre gens qui se connaissent.

Hubertin, se fouillant pour prendre son portefeuille.

Du tout, du tout ! les bons comptes font les bons amis.

Chanal, avec un peu de gêne qu’il s’efforce de dissimuler avec un sourire de bonhomie.

Et puis, vous l’avouerai-je ? J’ai quelques scrupules à considérer la partie que nous avons faite ensemble comme bien régulière. (Confidentiellement et presque à l’oreille.) Il me paraît que nous n’avons pas joué tout à fait à chances égales…

Hubertin, à pleine voix.

Pourquoi donc ça ?

Chanal, lui faisant signe de parler plus bas à cause de sa femme.

Chut ! chut ! (Avec beaucoup de gêne.) Je ne sais pas, mais il me semble que…