Page:Feydeau - Le Bourgeon, 1906.djvu/235

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Maurice, qui face à la cheminée a écouté tout cela l’air terrifié, les deux mains jointes en implorant le ciel avec détresse.

Ah ! pourquoi suis-je venu ici ?

Etiennette, qui a gagné jusqu’à lui avec une âpre joie.

Pourquoi ? Parce que vous m’aimez aussi.

Maurice, vivement et douloureusement.

Non ! non !

Etiennette, tout contre lui ; un peu au-dessus, à la cheminée.

Mais si, mais si, si j’ai été dupe, vous l’avez été autant que moi. Pourquoi avez-vous tremblé tout à l’heure, quand vous avez appris la présence de votre mère ? Oui, pourquoi ? Si ce n’est parce que vous sentiez bien que le sentiment qui vous attirait n’était peut-être pas aussi évangélique que vous vouliez le croire. (Presque dans l’oreille de Maurice, qui écoute tout cela terrifié, les coudes serrés contre lui, le cou dans les épaules et les mains collées contre ses oreilles comme pour se défendre d’entendre.) Eh ! bien, ce sentiment, c’était l’amour ! et l’amour terrestre, l’amour charnel, celui qui tenaille, qui persécute et finit toujours par avoir raison de la volonté !

Maurice, sur un ton de souffrance et de prière, avec des sanglots dans la voix.

Taisez-vous ! Taisez-vous !