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LE BOURGEON
ÉTIENNETTE.

Oui.

MAURICE, se laissant tomber sur le banc de l’arbre.

Ah ! maman a été vraiment cruelle.

Il dépose d’un geste accablé son chapeau près de lui sur le banc.
ÉTIENNETTE, debout devant lui — lui mettant affectueusement une main sur l’épaule.

Ne l’accuse pas, Maurice ! À sa place, ayant un fils, j’aurais agi comme elle.

MAURICE.

Oh !

ÉTIENNETTE.

Si ! si ! vois-tu, c’est un aveu qu’il faut avoir le courage de se faire à soi-même : nous ne sommes pas des femmes que l’on épouse. Nous sommes ici-bas pour donner du plaisir, pour donner de l’amour, il ne nous appartient pas de donner un foyer ; contentons-nous de notre rôle. J’aurai eu de toi le meilleur de toi-même, la fleur de ta jeunesse, tes premiers baisers, tes premières étreintes. Tu auras été le printemps, le sourire de ma vie ; et toujours de ton souvenir se dégagera pour moi comme un parfum d’amour qui embaumera jusqu’à mes vieux