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LE BOURGEON

jours. Qu’ai-je le droit de demander de plus ? Ne suis-je pas parmi les heureuses ?

MAURICE.

Étiennette, tes paroles me brisent le cœur.

ÉTIENNETTE.

Crois-tu qu’elles ne déchirent pas le mien ? Mais quand nous fermerons les yeux à la réalité, empêcherons-nous qu’elle soit ? Renonce à ce mariage, Maurice ! nous ne sommes pas des femmes qu’on épouse.

MAURICE.

Mais tout cela, ce sont des conventions du monde ! Est-ce qu’il peut m’empêcher de t’aimer, le monde ? Est-ce qu’il pourra faire que je puisse aimer jamais une autre femme que toi ?

ÉTIENNETTE.

Enfant ! Tu parles bien comme un être qui aime pour la première fois et qui croit encore à l’éternité de l’amour ! Mais si j’étais assez démente pour accepter le bonheur que tu m’offres… avec tout ton cœur aujourd’hui, mais c’est toi, demain, qui ne me pardonnerais pas de n’avoir pas eu de la raison pour toi.

MAURICE.

Étiennette, comme tu me juges mal !