Page:Feydeau - Le Bourgeon, 1906.djvu/62

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Oh ! comment oserai-je vous dire… ?

Il ramène son bras sur son front pour dissimuler sa honte.

L’Abbé, paternellement.

Allez, mon enfant, allez !

Maurice, faisant un effort sur lui-même et reprenant sa confession.

Tout à coup, je m’aperçus que le Christ me ressemblait ; oui, mon père, le Christ c’était moi ! Quel sacrilège ! Quel péché d’orgueil !… et la Magdeleine, la Magdeleine c’était, traits pour traits, la Claudie, notre servante ! Elle me regardait, avec ces yeux que je lui ai déjà vus en réalité, ces yeux qui me gênent… et, c’est affreux à dire : moi, moi le Christ, au lieu de repousser ses avances, d’essayer de l’amener au bien, de lui dire les mots qui purifient, je n’avais pas le courage ! que dis-je ? j’éprouvais comme une joie de sa présence, son regard me troublait, sa caresse me retenait ! C’était moi, moi qui la rapprochais de moi, et avant que j’aie pu me ressaisir, oh ! mon père ! je devenais humainement et misérablement sa chose !… (Avec des sanglots.)