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Page:Feydeau - Le Juré, monologue, 1898.djvu/14

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destinées humaines… souverain au douzième bien entendu…, puisque nous sommes douze ! Mais enfin - tout ça au prorata - je puis à mon gré, suivant que j’ai bien ou mal dîné, suivant que la tête du sujet me plaît ou ne me plaît pas, faire vivre ou mourir tel individu qui tremble devant moi.

Je suis juré aux assises de la Seine !

C’est beau la Justice !

Mais aussi je sais quelle responsabilité m’incombe et je ne livre rien à ma fantaisie ! Ainsi, tenez, je fais ce qu’aucun juré ne fait. Pour chaque crime que je peux avoir à juger, je convoque tous les parents du criminel ; je prétends une chose, c’est que le meilleur moyen d’être renseigné, c’est d’aller puiser ses renseignements à la source même. Je vous prie de croire que si les autres jurés consultaient comme moi les parents des criminels, ils auraient acquis cette certitude, c’est que la justice ne fait que condamner des innocents ! Eh bien ! c’est ce qu’il ne faut pas !

Mais voilà, en général, les jurés ne sont pas assez imbus de la gravité de leurs fonctions… ils font ça à la légère ! Hier, j’en entendais deux près de moi qui