Page:Feydeau - Patte-en-l’air, monologue en vers, 1883.djvu/8

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C’est un crampon, c’est une colle ;

Je ne sais comment les chasser,

Et je pique une course folle

Pour pouvoir m’en débarrasser.


Hélas ! ils courent aussi vite ;

Et, qui pis est, plus nous allons,

Plus cette meute à ma poursuite

S’accroît derrière mes talons !


Déjà, ce n’est plus une troupe,

C’est une révolution

Qui va, court, crie, aboie et coupe

Partout la circulation.


Pas une voiture n’avance !

Les tramways doivent s’arrêter !

Cela fait un désordre immense !

Chacun commence à s’ameuter.


Plus d’un chien que l’on tient en laisse,

Par tous les autres attiré,

Traîne son maître ou sa maîtresse,

Son conducteur tout atterré.


J’ai des enfants, des vieilles femmes,

Des aveugles, des éclopés,

Des bigotes, des jeunes dames,

Tous après moi précipités.


C’est en vain que chacun résiste ;

Il faut bien suivre le courant.

Ils sont tous là, suivant ma piste ;

Roulant, tombant, vociférant.