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Page:Feydeau - Tailleur pour dames.djvu/14

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reux. Ainsi l’Opéra, c’est un caprice à elle… « À deux heures ! sous l’horloge ! » Cela voulait dire : … « Attendez-moi… sous l’orme ! » Et j’ai attendu… jusqu’à trois heures, comme un serin ! Aussi quand je l’ai vue… quand je l’ai vue… qui ne venait pas… je suis parti furieux ! J’étais moulu, éreinté !… Je rentre, me consolant à l’idée d’une bonne nuit… Arrivé à ma porte… crac, pas de clé. Je l’avais oubliée dans mes effets de tous les jours… Sonner, c’était réveiller ma femme… Crocheter la porte… je n’avais rien de ce qu’il fallait pour ça ; alors, désespéré, je me suis résigné à attendre le jour et à passer la nuit sur une banquette ! (Il s’assied à droite.) Ah ! celui qui n’a pas passé une nuit sur une banquette ne peut se faire une idée de ce que c’est… Je suis gelé, brisé, anéanti ! (Brusquement.) Oh ! quelle idée ! Je vais me faire une ordonnance… Oui, mais si je me soigne comme mes malades, j’en ai pour longtemps… Oh ! si j’envoyais chercher un homéopathe…


Scène V

MOULINEAUX, YVONNE.
Yvonne, sortant de sa chambre.

Ah ! vous voilà enfin… (no 1.)

Moulineaux, se dressant comme mû par un ressort.

Oui, me voilà !… Euh ! tu… tu as bien dormi ? comme tu es matinale !

Yvonne, amère.

Et vous donc ?…

Moulineaux, embarrassé.

Moi !… oui, tu sais, j’avais un travail à faire ?

Yvonne, martelant chaque syllabe.

Où avez-vous passé la nuit ?