Page:Feydeau - Tailleur pour dames.djvu/44

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la vérité. On comprendra qu’il n’y a pas là une cliente et son médecin, mais deux cœurs qui s’aiment, deux âmes d’élite qui prennent leur envolée dans le pays du Tendre !…

Suzanne, bien positive.

Oui, ça éventera la mèche !…

Moulineaux.

Autrement dit, voilà !… Eh bien ! si vous vouliez, nous pourrions nous voir… aujourd’hui même, sur un terrain neutre.

Suzanne, avec une moue.

Un terrain ?… J’aimerais mieux un petit appartement… Comme dans les romans de M. Bourget.

Moulineaux.

Justement… j’ai un petit entresol… 70, rue de Milan. Et là nous pourrions nous voir… aujourd’hui même… Il est tout meublé… à deux pas… la rue qui fait le coin…

Suzanne, hésitant.

Ah ! tenez, je suis tentée… (Brusquement.) Mais, vous savez, en tout bien tout honneur !… l’amour éthéré !…

Moulineaux.

Tout le temps ! tout le temps !

Suzanne.

Parce que, vous savez, je suis fidèle à mon mari !

Moulineaux.

Si vous êtes fidèle à votre mari !… Ah ! mais qui est-ce qui oserait supposer le contraire ?…

Suzanne, se levant et passant au 2.

Alors, c’est entendu, aujourd’hui même, dans une heure, rue de Milan, 70, à l’entresol… Oh ! c’est bien mal… mais vous savez, Moulineaux, c’est la première fois que cela m’arrive !