Page:Feydeau - Tailleur pour dames.djvu/72

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Aubin.

Je le crois. Mais puisque je vous tiens… dites donc : Je suis très vif, très chaud…

Bassinet, lui enlevant de temps en temps un fil ou un grain de poussière de son habit.

Tant mieux ! tant mieux !

Aubin.

Eh bien ! J’ai la circulation du sang qui s’arrête, j’ai des engourdissements…

Bassinet.

Ah ! tant pis, tant pis !

Aubin.

J’en causais dernièrement avec votre domestique.

Bassinet, lui arrangeant le revers de son paletot.

Ah ! vous connaissez mon domestique ! Lequel, Joseph ou Baptiste ?

Aubin, se dégageant.

Je ne sais pas… Il me conseillait des choses impossibles…

Bassinet.

Mon cher, pour moi, il n’y a que le massage.

Aubin.

J’en ai essayé, ça n’a pas réussi.

Bassinet.

C’est que vous ne savez pas vous y prendre. Vous choisissez un masseur, n’est-ce pas ? Vous le faites déshabiller, vous l’étendez sur un divan et vous le massez de toutes vos forces pendant une heure. Après ça, si votre sang ne circule pas, je veux que le loup me croque.

Aubin.

Ah ! bien, voilà ! Je m’y étais toujours pris à l’envers ; je vous remercie, j’essayerai… Mais ce n’est pas tout ça… Alors, on ne peut pas voir Machin ?…

Bassinet, d’un air mystérieux.

Oh ! non… non… Il est en conférence… avec la Reine… avec la Reine du Groënland !