Page:Feydeau - Tailleur pour dames.djvu/77

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Aubin, avec conviction.

Oh ? impossible !

Moulineaux, avec une crédulité railleuse.

Ah !

Aubin.

Oh ! c’est que j’ai l’œil, moi ! toute ma vie j’ai eu des intrigues avec des femmes mariées : on ne m’en conte pas à moi, je les connais toutes !

Moulineaux, même jeu.

Ah ! vous…

Aubin, net.

Toutes !… je ne suis pas comme un tas d’imbéciles de maris. (Riant.) Figurez-vous que j’en ai connu un qui accompagnait sa femme à tous nos rendez-vous. Elle disait qu’elle montait chez la somnambule. C’était moi la somnambule !… Et le mari attendait en bas.

Il se tient les genoux pour rire.
Moulineaux, riant aussi en lui tapant sur l’épaule.

Le fait est qu’on n’est pas bête comme ça !…

Aubin.

D’ailleurs ma femme ne s’y frotterait pas… Elle sait très bien que dans un flagrant délit, je n’hésiterais pas…

Moulineaux, anxieux.

Un duel, hein ?

Aubin.

Non, je ne sais pas me battre. (Moulineaux pousse un soupir de soulagement.) Je tirerais dessus !… Toutes les fois que je le rencontrerais, pan, pan ! je le tuerais.

Moulineaux.

Il me donne le frisson.

Aubin.

D’ailleurs ce n’est pas pour vous parler de ça que je suis venu !… (Changeant de ton.) Monsieur Machin !