Page:Feydeau - Tailleur pour dames.djvu/95

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est-ce vrai que ça branle dans le ménage depuis quelques jours ?… que monsieur a passé l’autre nuit dehors ? Est-ce vrai que cette nuit… chose bien plus grave… c’est madame qui n’est pas rentrée et qu’on l’attend toujours ?… je vous répondrais : non, non, non, je ne sais pas ce que vous voulez dire.

Aubin.

Ah ! madame Moulineaux n’est pas rentrée au domicile conjugal ?

Étienne, naïvement.

Oh ! comment le savez-vous ?

Aubin.

Vous venez de me le dire !…

Étienne.

Moi ! (À part.) Il a de l’aplomb.

Aubin.

Pas rentrée ! C’est comme ma femme… Après le scandale d’hier, je ne l’ai pas revue… C’est incroyable !…

Étienne, riant bêtement.

Ah ! la dame de monsieur aussi… Il paraît que c’est contagieux, alors.

Aubin, il passe à droite.

Mais ça ne peut pas durer ; je sais qu’elle doit venir, aussi ai-je eu l’idée de venir ici… Je sais que c’est vers ces heures-là qu’elle doit aller chez le docteur…

Étienne.

Oh ! mais vous savez, pour votre dame comme pour tout le monde aujourd’hui, c’est porte close… tant que monsieur n’aura pas retrouvé madame… (On sonne.) On a sonné. Je vous demande pardon…

Il sort vivement par le fond.
Aubin, au public, passant à gauche.

Il n’y a pas à dire, il faut que j’aie une explication avec ma femme… Je désavouerai Rosa, voilà tout !