Aller au contenu

Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 1, 1948.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Acte I

Un salon chez Charançon, — Grande baie vitrée, ouvrant de plain-pied sur un jardin. — Porte à droite, deuxième plan, donnant dans les appartements de Charançon. — Porte à gauche, premier plan, donnant dans la chambre de Gabrielle. — Porte à gauche, deuxième plan, donnant sur l’office. — À droite, face au public, une table avec ce qu’il faut pour écrire ; à gauche de la table, et également face au public, une chaise. — À gauche, face au public, un canapé. — Au fond, une chaise de chaque côté de la baie.

Scène première

Samuel, seul. Il entre de gauche, deuxième plan, portant un plateau servi pour le déjeuner du matin. Il est très pâle et marche les yeux à moitié fermés. Se cognant à un meuble et répandant le contenu de la tasse sur sa main. — Aîe ! Je me suis échaudé la main ! Il ne peut pas rester dans sa cafetière, celui-là !… (Déposant son plateau sur la table de droite.) Aussi, quelle satanée habitude de prendre le café chaud ! (Il s’affale sur un fauteuil.) Je suis esquinté !… Ce banquet officiel que nous avons donné, hier soir, à des actrices de Paris… des actrices de cirque… Ah ! quel banquet ! monsieur le maire présidait la table et moi aussi… je servais à table !… J’ai passé une de ces nuits blanches… quand je dis blanche, une nuit grise, car j’étais absolument pochard. (Prenant la carafe qui est sur le plateau et se versant à boire.) J’ai une soif ! Toute la nuit ça a tourné… J’ai rêvé de montagnes russes. (Il vide son verre.) Allons ! je vais porter le café au lait de monsieur le maire !… (Allant pour frapper à droite et voyant une pancarte attachée à la porte.) Tiens ! un mot d’écrit ! (La détachant et gagnant l’avant-scène, machinalement il l’a retournée dans le sens inverse ; au moment de la lire, il éclate de rire.) Non, fallait-il qu’il soit pochard aussi, monsieur le maire ! il a écrit ça à l’envers !… (Retournant la carte dans le bons sens.) Ah ! comme ça, on peut lire ! (Lisant.) "Ne me réveillez que quand je sonnerai !" Le paresseux ! vous verrez qu’il ne sonnera pas ! (Déposant son plateau sur la table.) Eh bien, moi aussi, je vais faire comme lui. (S’étendant sur le canapé de droite, les pieds du côté de la gauche.) Ne me réveillez que quand il sonnera !…