Charançon, qui ne comprend pas. — Les cuillers ?… Ah ! madame Miranda ?
Samuel. — Oui, monsieur, elle arrive !
Charançon, à Édouard. — Ah ! mon cher, vous allez la voir !
Édouard. — Ah ! non ! merci ! j’aime autant pas ! Je vais retrouver madame Charançon.
Charançon. — C’est ça ! occupez-la ! faites-lui la cour !
Édouard, sur le seuil de la porte. — Je n’y manquerai pas ! et vous, vous savez ! (Répétant la phrase de plus haut.) Eh bien ! mon gros poulot, viens-tu souper avec moi ?
Charançon, redescendant en répétant sur le même ton les paroles d’Édouard. — « Eh bien ! mon gros poulot, viens-tu souper avec moi ?… » c’est raide ! (Gagnant le milieu de la scène.) Enfin ! Je dirai à ma femme, comme toujours, que j’ai un procès à plaider à Paris… C’est mon truc ordinaire ! Si Gabrielle savait que depuis six ans que nous sommes mariés, je n’ai jamais mis les pieds au Palais… Ah ! bien ! puisque je ne plaide plus… il faut bien que ça me serve à quelque chose d’être avocat.
Scène VIII
Samuel, annonçant. — Madame Miranda.
Charançon. — Sapristi, je ne peux pas la recevoir dans ce négligé… Fais entrer et prie d’attendre un instant.
Samuel. — Bien, monsieur.
Scène IX
Miranda, arrivant de gauche par le fond. — Vous m’avez annoncée à monsieur le maire ?
Samuel, descendant au 1. — Oui, madame… Monsieur prie madame d’attendre un moment. (À part.) Cristi, c’est vrai, que c’est une chouette femme !
Miranda, elle passe à gauche. — C’est bien, je vais attendre.
Samuel, descendant à hauteur de la table. — Une chouette femme dans toute l’exception du mot.
Miranda. — Je tiens à présenter tous mes remerciements à monsieur le maire pour le bon accueil qui m’a été fait ici.
Samuel. — Oh ! madame. Vous êtres trop aimable de vous être dérangée pour venir nous voir.