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Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 1, 1948.djvu/188

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Charançon, se laissant conduire en riant. — Oh ! ça m’est égal… mais ça, c’est la chambre ! Ah ! Ah ! je vous vois venir ! vous êtes encore plus canaille que moi ! (il a la main sur le bouton de la porte et est sur le point d’entrer, quand on sonne, ce qui l’arrête.) Eh ! bien on est tranquille chez vous ! vous savez ! c’est un passage !

Au coup de sonnette, Édouard a quitté Charançon et passant derrière la table, est allé se placer près de la porte de droite.

Samuel, revenant d’ouvrir. — Monsieur, c’est encore l’oiseau de tout à l’heure.

Charançon, à bout de patience. — Oh ! la la la la !

Scène XII

Les Mêmes, Pinçon

Pinçon, allant à Charançon et lui présentant son pouls. — Docteur ! je reviens.

Charançon, — Oui, attendez… (Appelant Édouard.) Lambert !

Pinçon, à Charançon qui lui tient le bras gauche, — Ah ! c’est le docteur.

Charançon, à Édouard qui est venu à son appel et lui passant la main de Pinçon. — Tenez, Lambert, je vous présente un infirme ! Il est très malade, cet homme-là… quand il a mangé il n’a plus faim !… Voyez donc ça. (En passant, et dans l’oreille d’Édouard.) Empoisonnez-le ! (À Gratin et Samuel.) Et nous à la cuisine ! Laissons-les à leur consultation.

Tous. — Oui, à la cuisine !

Pinçon, à Édouard. — À midi, je déjeune !

Édouard, machinalement, tout en regardant Charançon s’en aller. — Oui, ça va bien ? Ça va bien ?

Pinçon. — Non, ça ne va pas !

Édouard, lâchant le pouls de Pinçon aussitôt Charançon sorti et se précipitant vers la porte de droite premier plan où il voit Gabrielle. — Gabrielle, venez !

Voix de Charançon, dans la coulisse. — Dites donc, Édouard ?

Édouard. — Non, ne sortez pas ! (Il referme vivement la porte et se précipite vers Pinçon dont il reprend le pouls comme précédemment.) Ça va bien ? Ça va bien ?

Charançon, entrant et entendant ces derniers mots. — Ah ! ça va bien ? Eh bien, il est guéri ! Vous êtes guéri ! Allez-vous en !

Charançon et Édouard poussent dehors Pinçon, ahuri — Édouard sort avec Pinçon. — Charançon reste seul.

Charançon. — Ah ! en voilà un raseur !

Miranda, passant la tête par la porte de la cuisine. — Eh bien ! voyons ! tu nous lâches !

Charançon. — Voilà, mon gros poulot, voilà.

Il rentre à la cuisine.