Aller au contenu

Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 1, 1948.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien. Toutes mes dernières obturations se désagrègent et tombent ; ce n’est pas sérieux, il faut qu’il me le change.

M. Jean. — Bien, monsieur.

Follbraguet. — Voilà, c’est tout.

M. Jean. — Bon, monsieur.


Scène II

Les Mêmes, MARCELLE, puis HORTENSE

Marcelle. — Mon ami, je te prie…

Follbraguet. — Oh ! encore toi !

Marcelle. — Quoi ! tu n’as personne…

Follbraguet. — Je te demande pardon, il y a du monde qui attend.

Marcelle. — Eh bien ! il attendra ! quand on a mal aux dents, on attend. Je te prie de mettre Hortense à la porte, séance tenante.

Follbraguet. — Oh ! quoi encore ?

Marcelle. — Je lui fais une observation, elle me répond : « Je m’en fous ! »

Follbraguet. — Eh bien ! fais-en autant.

Marcelle. — Tu admets ça ! Tu admets qu’elle me réponde « Je m’en fous ! »

Follbraguet. — Ça prouve qu’elle a de la philosophie.

Petit rire étouffé de M. Jean.

Marcelle. — Qu’est-ce que vous avez à rire ; vous ?

M. Jean. — Oh ! rien, madame.

Marcelle, à son mari. — Oh ! très spirituel ! d’ailleurs, ça ne m’étonne pas ! tout le monde sait que ça t’est égal qu’on m’insulte ! c’est même parce qu’on sait que je n’ai personne pour me faire respecter qu’on se permet…

Follbraguet. — Mais non, qu’est-ce que tu vas chercher ? Si tu ne l’embêtais pas, cette fille…

Marcelle. — Je l’embête, je l’embête, ça, c’est admirable !

M. Jean. — Je peux m’en aller, monsieur ?

Follbraguet. — Oui, monsieur Jean. Je comprends que cette discussion ne vous intéresse pas !

M. Jean. — Oh ! c’est pas ça !

Follbraguet. — Ne vous excusez pas… allez, monsieur Jean, allez !…

M. Jean sort.

Marcelle. — Voilà ! voilà ! le genre ! comment veux-tu qu’il me respecte aussi, celui-là, si tu as l’air de te moquer devant lui.

Follbraguet. — Quoi, il ne t’a pas manqué de respect !

Marcelle. — Non, mais ça viendra ! Aller défendre cette fille !

Follbraguet. — Mais je ne la défends pas !

Marcelle. — C’est bien, je saurai dorénavant que j’ai des manchons pour servir de plats aux chattes de ma femme de chambre.

Il remonte.

Follbraguet. — Ah ! non, je t’en prie ! assez avec cette histoire de chatte ! Qu’on en fasse une gibelotte ; et qu’on n’en parle plus.

Marcelle. — Enfin, veux-tu la mettre à la porte, oui ou non ?