Mon Dieu, certainement, je serais très heureux et elle aussi ; malheureusement, il n’y a pas à y penser.
Lucienne. — Pourquoi ça ?
Pontagnac. — À cause de ses rhumatismes. Elle est clouée par les rhumatismes…,
Vatelin. — Vraiment !
Pontagnac. — Elle ne sort jamais, ou, quand ça lui arrive, c’est dans une petite voiture. Il y a un homme qui la traîne…
Vatelin. — Un âne qui la traîne…
Pontagnac. — Non, un homme.
Vatelin. — C’est encore pis ! Ah ! mais je ne savais pas !
Lucienne. — Combien c’est pénible !
Pontagnac. — À qui le dites-vous !
Vatelin. — C’est vraiment dommage ! Oh ! mais nous irons la voir, si vous le permettez !
Pontagnac. — Mais comment donc ! certainement !
Vatelin. — Où demeure-t-elle ?
Pontagnac. — À Pau, dans le Béarn.
Vatelin. — Diable ! c’est un peu loin !
Pontagnac. — Il y a des express !… Qu’est-ce que vous voulez, le Midi lui est recommandé pour sa santé.
Vatelin. — Il faut l’y laisser.
Lucienne. — Enfin, nous regrettons.
Scène III
Les Mêmes, Jean
Jean, au fond. — Monsieur, c’est un marchand de tableaux qui apporte un paysage pour Monsieur.
Vatelin. — Ah ! mon Corot ! J’ai acheté un Corot, hier !
Pontagnac. — Oui ?
Vatelin. — Six cents francs !
Pontagnac. — C’est pas cher ! Il est signé ?
Lucienne va s’asseoir à droite du bureau.
Vatelin. — Il est signé. Il est signé Poitevin, mais le marchand me garantit la fausseté de la signature.
Pontagnac. — Oh ! vous m’en direz tant.
Valentin. — Je fais enlever Poitevin et il ne reste que le Corot… (À Jean.) C’est bien, j’y vais, faites passer dans mon cabinet,… Vous permettez un instant ! Je reçois mon marchand et après, je suis à vous ! Tenez, je vous ferai voir mes tableaux, vous êtes un homme de goût ! Vous me donnerez votre avis !
Il sort à droite, deuxième plan.
Pontagnac. — C’est ça !
Scène IV
Lucienne, Pontagnac
Lucienne. — Asseyez-vous.
Pontagnac. — Je ne vous fais plus peur.
Lucienne. — Vous voyez !