Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/138

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Pontagnac, entre ses dents, en regardant Vatelin. — Ah ! nature de cornard, va !

Lucienne, qui s’est levée. — Eh bien ! vous avez vu les tableaux de mon mari, monsieur Pontagnac ?

Vatelin. — Je crois bien ! Il a été enchanté ! Il m’a dit : "Les musées n’en ont pas de comme ça !" (À Pontagnac.) N’est-ce pas ?

Pontagnac. — Oui, oui, oui. (À part.) Heureusement !

On sonne.

Vatelin, indiquant le pan coupé gauche. — Tenez ! J’en ai encore par là,… si vous voulez ?…

Pontagnac. — Non, non ! pas toutes les joies le même jour ; j’aime mieux en garder pour une autre fois.

Vatelin. — Ah ! c’est dommage que cette pauvre madame Pontagnac soit dans cet état, j’aurais été fier de lui montrer ma galerie.

Pontagnac. — Ah ! qu’est-ce que vous voulez,… ses rhumatismes,… à Pau, dans le Béarn.

Vatelin. — La petite voiture, oui, oui ! Ah ! pauvre nature humaine !

Tous, avec un soupir. — Ah ! oui !

Scène IX

Les Mêmes, Jean, Mme Pontagnac

Jean, annonçant au fond. — Madame Pontagnac.

Tous. — Hein !

Pontagnac, bondissant, à part. — Nom d’un petit bonhomme ! Ma femme !

Tous. — Votre femme !

Pontagnac. — Hein ! oui,.. non,.. il faut croire !…

Lucienne. — Comment ! je la croyais à Pau !

Vatelin. — C’est vrai, avec ses rhumatismes.

Pontagnac. — Eh bien ! oui, je ne sais pas !… C’est qu’elle aura été guérie !… (Au domestique.) Nous n’y sommes pas !… Dites que nous n’y sommes pas !

Lucienne. — Mais pas du tout ! Au contraire ! Faites entrer.

Pontagnac. — Oui, je dis bien, faites entrer !… (À part.) Ah ! là, là, là, là !

Tous, à part. — Mais qu’est-ce qu’il a ?

Rédillon, à part. — Il n’a pas l’air d’être à la noce, le bonhomme.

Pontagnac, à part. — Ah, bien ! me voilà bien !… (Haut.) Je vous en prie, mon ami, madame, pour des raisons que je vous expliquerai plus tard, si ma femme vous questionne, pas un mot, ou plutôt, dites comme moi, hein ! dites comme moi !

Mme Pontagnac, entrant. — Je vous demande pardon, messieurs, madame…

Pontagnac, courant à elle. — Ah ! chère amie, te voilà ! Quelle charmante surprise !… Justement je m’en allais ! Allons, dis au revoir à madame et à ces messieurs, et allons-nous-en ! Viens, allons-nous-en !

Tous. — Hein !

Mme Pontagnac. — Mais pas du tout ; en voilà une idée !

Pontagnac. — Mais si ! mais si !

Mme Pontagnac. — Mais non ! mais non !