Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/15

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chez les Jésuites, (Remontant vers les siens.) Eh ! bien, comment le trouvez-vous, mon ténor ?

Amandine. — Majestueux !…

Landernau. — Il a l’air d’avoir de la santé, je le soignerai.

Ils échangent leurs impressions.

Dufausset, à l’avant-scène. — Drôles de gens ! Papa qui est à Bordeaux… me dit hier : mon fils… tu vas aller faire ton droit à Paris… Mais comme je ne veux pas te laisser livré à toi-même dans cette grande ville des plaisirs effrénés et des corruptions faciles, je t’adresse à mon vieil ami Pacarel…en le priant de veiller sur toi… Sois aimable avec lui… et ne le contrarie pas… tu verras, c’est un charmant homme… Ça, c’est vrai, il en a l’air, je crois que je m’entendrai très bien avec lui.

Pacarel, redescendant vers Dufausset. — Ah ! vous ne savez pas combien je suis heureux de vous avoir… Dites-donc, vous n’avez pas déjeuné ?

Dufausset. — Le fait est que depuis ce matin…

Pacarel. — Oh ! j’en étais sûr… Vous ne voulez pas un œuf cru, une côtelette saignante.

Dufausset. — Non merci… j’aime mieux autre chose (Pacarel remonte à gauche. Landernau le rejoint.) Quelle drôle de cuisine on fait à Paris.

Marthe, qui est descendue premier plan. — C’est que quelquefois, pour la voix…

Dufausset. — Ah ! si ce n’est que ça ; vous savez, moi, ma voix… j’en fais si peu de cas.

Amandine, descendant. — Tout le monde n’est pas comme vous ! Pacarel et Landernau au-dessus de la table.

Dufausset. — Je n’en doute pas, madame… (À part.) Ce doit être une chanteuse,

Amandine. — Il est un peu fat !

Elle remonte.

Pacarel, il descend à droite de Dufausset et remonte. — Enfin, on vous donnera ce qu’il y aura !

Marthe. — Je vais m’en occuper !

Dufausset. — Ah ! Madame, je suis confus !

Marthe. — Monsieur…

Elle sort par la droite.

Dufausset. — Elle a rougi ! Elle m’a reconnu ! Elle est exquise !… (Gagnant la droite.) Mais qui est-elle cette dame ?.. La femme de Pacarel ou de l’autre ?… On m’a présenté tout le monde en bloc…

Pacarel. — Et, maintenant, si vous voulez bien, à table… car nous n’avons pas tout à fait fini.

Dufausset. — Vraiment… oh ! mais alors je ne veux pas déranger le service… je prendrai où vous en êtes.

Tout le monde s’assied à sa place respective. Dufausset prend place entre Pacarel et Amandine sur la chaise que la bonne a été chercher à droite, entre la porte et le piano, et lui a avancée.

Pacarel. — Ah ! bien, si vous voulez ! (À Tiburce.) Tiburce, servez toujours un rince-bouche à monsieur. (À Dufausset.) Comme cela vous ne serez pas obligé d’en reprendre un à la fin du repas.

Dufausset, avec le rince-bouche. — À votre santé, Messieurs, Mesdames.