Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dufausset, entrant du fond, à droite. — Une maison de fous… Je me suis trompé.

Il fait mine de sortir.

Pacarel, descendant de son fauteuil. — Eh ! bien, où allez-vous ?

Pacarel, Dufausset, Landernau, Amandine, Julie, Marthe au piano.

Dufausset. — Ne vous dérangez pas. (À part.) Il ne faut pas les contrarier (Haut.) Continuez donc.

Pacarel, à part. — Ah ! Ah ! Il aime ça, les ovations. (Haut.) Allons, reprenons…

Le charivari recommence. Dufausset cherche à s’esquiver.

Pacarel, le rattrapant. — Mais ne filez donc pas… Est-il drôle !…

Dufausset. — Mais je ne file pas. (À part.) Je ne suis pas rassuré, ils sont en nombre.

Pacarel. — Et maintenant causons… D’abord permettez-moi de vous présenter tout le monde. (Il est à l’extrême-gauche avec Dufausset, tous les autres sont massés au fond à droite. Présentant de loin tout le monde en bloc.) M. et Mme Landernau, nos amis intimes qui partagent notre maison, ma femme, ma fille…

Tout le monde salue Dufausset qui salue.

Marthe, qui s’est levée du piano, reconnaissant Dufausset. — Ah ! Le monsieur du tramway qui m’a prêté six sous !

Elle remonte à Landernau.

Dufausset. — La dame qui avait oublié son porte-monnaie… Est-ce possible ? Dans une maison de fous ! Pauvre femme !

Pacarel. — Là ! Les présentations sont faites… Ah ! je suis content de vous voir… Dufausset va bien ?

Ils prennent le milieu de la scène.

Dufausset. — Papa ?

Pacarel. — Papa !… il a dit papa !… Pourquoi dit-il papa ? Non, je vous demande si Dufausset…

Dufausset, brusquement. — Dufausset ?… Ah ? mais alors…

Pacarel, sursautant. — Qu’est-ce qu’il a ?

Dufausset. — Vous êtes monsieur Pacarel ?

Pacarel. — Tiens, parbleu ! (À part.) Est-il bête, il m’a fait une peur !

Dufausset. — Et moi qui croyais être chez des fous…

Pacarel. — Hein ?

Dufausset. — Dame ! C’est vrai, on vous trouve là, tous, sur des chaises, sur la table ou dans le piano… On aurait cru que vous jouiez au chat perché… en musique.

Landernau. — On vous faisait une entrée.

Amandine. — Plaignez-vous donc…

Dufausset. — Ah ! c’était pour… quelle drôle de façon de recevoir !

Amandine. — Ce jeune homme m’a regardée.

Dufausset. — Comment, vous êtes M. Pacarel… Enchanté ! Ah ! à propos, j’ai une lettre pour vous, elle est au fond de ma malle…

Pacarel. — De Dufausset… Ah ! ce cher ami… Il va bien Dufausset ?

Dufausset. — Admirablement ! Il va admirablement, mon père.

Pacarel. — Pourquoi m’appelle-t-il son père ? Il a dû être élevé