Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/176

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Soldignac. — Mais no !… Je disais "ma femme"…

Vatelin. — Ah ! oui, votre femme !… qui est là…

Soldignac. — Comment ?

Vatelin. — … Qui est là-bas… rue Roquépine !…

Soldignac. — Yes !… il la fait filer !…

Vatelin, de plus en plus troublé. — Elle est partie !… Elle a filé !…

Il remonte.

Soldignac. — Le commissaire doit m’envoyer ici des nouvelles aussitôt que ce sera terminé.

Vatelin, au fond, à droite. — Voilà ! parfait ! parfait.

Soldignac. — Mais qu’est-ce que vous l’avez à être agité comme ça ?

Vatelin, remontant à Soldignac. — Moi ! agité ! pas du tout ! J’ai l’air agité ?

Soldignac. — Oui, vous êtes malade ?

Vatelin, les pouces dans les poches de son gilet. — Non, oui, oh ! un peu, très peu !

Soldignac. — Colique ?

Vatelin, distrait. — Hein ?

Vatelin. — Hein ? Non, oui ! vous savez, entre les deux !

Soldignac. — "Entre les deux" ! Alors, c’est l’état normal.

Vatelin. — Voilà ! C’est plutôt ça ! Un peu d’état normal ! Ce ne sera rien. (Remontant, tandis que Soldignac va s’asseoir sur le canapé.) Ah ! mon Dieu ! mon Dieu !

À ce moment, par la porte de droite qui s’est entrebâillée, on voit le bras de Maggy qui dépose son corsage sur la chaise à côté de la porte.

Soldignac, qui a vu le bras. — Aoh ! joli ! très joli !

Vatelin, qui s’est retourné à la voix de Soldignac, à part. — Sapristi ! le bras de Maggy !… (Haut.) Vous avez vu ? C’est… c’est un bras.

Soldignac, s’asseyant dans le canapé. — Aoh ! je voa ! Très joli. Té, le coquinasse ! À qui ce bras ?

Il pose son chapeau sur la table.

Vatelin. — Je ne sais pas ! C’est pas d’ici ! C’est un bras qui est là… alors, il est venu !… il est venu sans venir !… c’est le bras du voisin !…

Soldignac. — Blagueur !… C’est le bras de votre femme.

Vatelin. — Voilà vous l’avez dit, c’est le bras de votre femme… de ma femme… du voisin qui est ma femme !…

Il ramasse le corsage déposé par Maggy, mais au moment où il se dispose à remonter, le bras reparaît, tenant la jupe de Maggy. Vatelin se précipite dessus, arrache la robe et la fourre ainsi que le corsage sous le lit.

Soldignac. — Eh bien ! mon cher… mais où êtes-vous donc ?

Vatelin, redescendant. — Voilà ! voilà !

Soldignac. — Asseyez-vous donc là, près de moi !

Vatelin, s’asseyant sur le dossier du canapé, à part. — Ca y est ! le voilà installé !…

Soldignac. — Je vous fais mes compliments, madame a un bras !…