Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/182

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Le Gérant. — Ne craignez rien, madame. (Trouvant le timbre.) Eh oui ! En voilà un autre !

Pinchard, prenant le timbre et descendant. — Là ! Qu’est-ce que je vous disais ? Ah çà ! je voudrais bien savoir ce que ça signifie, tout ça !

Le Gérant. — Mais, monsieur, je n’y comprends rien !

Pinchard. — Si c’est comme ça qu’on s’amuse aux dépens des voyageurs dans votre hôtel, je me plaindrai, vous savez !

Le Gérant. — Oh ! monsieur, je vous assure…

Pinchard, donnant les timbres au gérant. — Allons, c’est bien ! Allez-vous en tous ! et laissez-nous tranquilles. (Tout le monde sort ; il referme brutalement la porte sur les sortants.) Eh bien ! en voilà une caserne !

Il gagne la droite.

Mme Pinchard, à genoux dans le lit, un oreiller devant elle. — Mais qu’est-ce qu’il y a ?

Pinchard, s’asseyant près de la table. — Elle n’a rien entendu ! Eh bien ! Coco, tu en as de la veine, toi !

Mme Pinchard. — Qu’est-ce qu’ils voulaient, Tous ces gens-là ?

Pinchard, accompagnant son dire d’un geste négatif de la tête. — Rien ! rien !

Il retire sa seconde bottine.

Mme Pinchard. — Oh ! ils m’ont fait peur ! Mes douleurs commençaient à se calmer, voilà qu’elles m’ont reprise de plus belle.

Elle se recouche.

Pinchard, se levant. — Oh ! les animaux ! Ecoute, tu devrais te mettre un cataplasme.

Il met sa seconde pantoufle.

Mme Pinchard. — Quoi ?

Pinchard, sans voix. — Si tu mettais un cataplasme !

Mme Pinchard. — Comment veux-tu que je te comprenne !… Tu me parles à contre-jour, je ne vois pas ce que tu me dis !

Pinchard, prenant la bougie et s’éclairant la figure, sans voix. — Tu devrais te mettre un cataplasme.

Mme Pinchard. — Ah ! je crois bien ! avec quelques gouttes de laudanum, ça me ferait du bien. Mais où aller le chercher ?

Pinchard, montrant son sac et sans voix. — J’ai ce qu’il faut là-dedans ! il n’y a qu’à le faire ! attends ! (Il va sonner, puis ouvrant son sac, il en tire un paquet contenant de la farine de lin. À part.) Quand je l’ai vue malade au départ, je me suis muni, en cas ! Il y avait un petit coin de libre dans le sac, elle voulait y fourrer du pain et du jambon,… moi j’ai préféré y mettre un cataplasme ! Je vois que j’ai bien fait !

Scène XVI

Les Mêmes, Victor, puis Maggy, puis Vatelin

Victor, entrant par le fond. — Monsieur a sonné ?

Pinchard, jetant son sac derrière la table de nuit. — Oui, c’est moi, cette fois. Je voudrais que l’on me fasse un cataplasme avec ça… pour Coco… enfin pour madame qui est souffrante.

Victor. — Mais, monsieur, il n’y a plus personne à la cuisine.

Pinchard. — Naturellement ! Tout à l’heure, c’était plein de monde