Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/185

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Lucienne. — Ah ! oui ! vous avez eu raison ! Grâce à Dieu ! je suis fixée, maintenant.

Pontagnac. — J’espère bien que vous saurez vous venger !

Lucienne. — Ah ! oui, je vous le jure !

Pontagnac. — Vous savez ce que vous m’avez promis. "Si j’ai jamais la preuve de l’infidélité de mon mari, je lui rends immédiatement la pareille !"

Lucienne. — Et je ne m’en dédis pas ! Ah ! je vous ferai voir que je n’ai qu’une parole !

Pontagnac. — Bravo !

Lucienne. — J’ai dit que je prendrai un amant, eh bien ! je le prends, cet amant !

Pontagnac. — Ah ! je suis le plus heureux des hommes !

Lucienne. — Et si mon mari vous demande quel est mon amant, vous pourrez le lui dire !

Pontagnac. — Oh ! ce n’est pas la peine.

Lucienne. — C’est son meilleur ami !… Ernest Rédillon !

Pontagnac, suffoqué. — Hein ! Réd !…

Lucienne. — Adieu, je vais me venger !

Elle sort vivement par la gauche.

Pontagnac, courant après elle. — Lucienne ! au nom du ciel ! Lucienne ! (Il se précipite sur la porte qu’il trouve fermée.) Fermée !…

Scène XVIII

Pontagnac, puis Maggy, Soldignac, le 1er Commissaire, deux Agents, puis Mme Pontagnac, le 2e Commissaire, deux Agents, puis Rédillon.

Pontagnac court au fond et se cogne dans le commissaire qui entre, suivi de ses agents et de Soldignac.

Le Commissaire. — Arrêtez !… Au nom de la loi !…

Pontagnac. — Le commissaire !

Soldignac, une queue de billard à la main. — Ah ! le voilà, son "love" !…

Il pose sa queue de billard près de la cheminée, quitte son habit ; s’exerce à la boxe contre le mur.

Le Commissaire, à Pontagnac. — Nous savons tout, monsieur ! Vous êtes ici avec la femme de Monsieur !…

Pontagnac. — Moi !

Le Commissaire. — Où se cache votre complice ?

Pontagnac. — Ma complice !

Le Commissaire, à un agent. — Cherchez, agent !

Pontagnac, à part. — Qu’est-ce qu’il dit !

L’Agent, qui est entré à droite, revenant en traînant Maggy. — Madame !…

Pontagnac. — Qu’est-ce que c’est que ça ?

Maggy, voyant Soldignac. — Ma mari !

Soldignac, se retournant. — Mon femme !

Ils se disputent en anglais.