Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/190

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devrais me porter pour la médaille de sauvetage. Hein ! crois-tu qu’il en a… une couche !…

Rédillon. — Ah ! oui… et toi !… crois-tu ?

Armandine. — Ouh ! chéri !

Elle l’embrasse.

Scène III

Les Mêmes, Gérome

Gérome, paraît au fond, apportant un verre à bordeaux plein de vin sur un plateau. — Encore ! (À Armandine, en se plaçant entre elle et Rédillon.) Je vous en prie, madame, ayez pitié !

Armandine, gagnant la gauche, à part. — Eh bien ! qu’est-ce qu’il a ?

Elle s’assied sur la table.

Gérome, regardant Rédillon. — Regardez-moi cette mine !

Rédillon. — Je vais vous flanquer à la porte, moi, vous savez !

Gérome. — Ca m’est égal, je ne m’en irai pas ! Tiens, bois ça !

Rédillon. — Non.

Gérome. — Bois !

Rédillon, avec mauvaise humeur. — Ah ! il m’en faut, une patience !

Il prend le verre.

Armandine. — Qu’est-ce que c’est que ça ?

Gérome. — C’est du coca.

Armandine. — Du quoi ?

Gérome, allant à elle. — Du coca ! du vin de coca. (Bas, à Armandine.) Par grâce, madame, songez que c’est un enfant, qu’il n’a que trente-deux ans. Il n’est pas comme moi !…

Rédillon, assis sur le divan et buvant. — Qu’est-ce que vous racontez à madame tout bas ?

Gérome. — Rien, rien, rien.

Armandine, railleuse. — Oui, nous avons des secrets ensemble.

Gérome. — Voilà ! ça ne te regarde pas !

Rédillon. — Ah ! je vous demande pardon (Il rend son verre à Gérôme.) Il n’est venu personne pour moi ?

Gérome, avec dédain. — Si, d’abord ta nommée Pluplu.

Armandine, sautant vivement de la table. — Pluplu est venue ?

Elle se met dans le fauteuil pour mieux écouter.

Gérome. — Oui, elle voulait absolument te voir !

Rédillon. — Qu’est-ce que vous lui avez dit ?

Gérome. — Que tu étais avec ta mère ! Alors, comme elle voulait t’attendre, je lui ai dit que, quand tu étais avec ta mère, tu en avais généralement pour trois ou quatre jours !

Armandine, se levant. — Vous avez bien fait ! Merci, si nous nous étions trouvées nez à nez…

Gérome. — Et puis, il est venu M. Mondor !

Armandine, le dos au public, et s’appuyant sur la table. — Mondor ! Attendez donc, "Mondor, Mondor"…

Rédillon. — Non, tu ne le connais pas, il a passé l’âge !

Armandine. — Ah !

Elle se retourne.

Rédillon. — C’est un marchand d’antiquités qui a son magasin en