Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/191

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appartement sur le même palier que moi, alors quelquefois, quand il a une occasion… comme voisin…

Armandine. — Oui, oui, tu as raison, c’est Livaro que je voulais dire, un espagnol, Livaro… Je savais bien que j’avais connu un nom de fromage.

Elle passe entre la table et la cheminée.

Rédillon. — Ah ! oui, mais c’est pas le même ! (À Gérôme.) Et qu’est-ce qu’il voulait, ledit Livaro ?… Euh ! ledit Mondor. (À Armandine.) Tu m’embrouilles, toi, dans tes fromages.

Gérome. — Il m’a dit de te dire qu’il avait une nouvelle acquisition à te montrer, une pièce rare, une ceinture de chasteté du quatorzième.

Rédillon. — Ah ?

Armandine, appuyée sur la table. — Du quatorzième quoi ?

Gérome. — Le sais-je, du quatorzième cocu, probablement.

Rédillon. — Mais non, "siècle" ! Et c’est tout ?

Gérome. — C’est tout. (On sonne.) Attends, je vais ouvrir !

Rédillon. — Je n’avais pas l’intention d’y aller !… Si c’est une dame, je n’y suis pas !

Gérome. — T’as pas besoin de me le dire !…

Il remonte et sort au fond.

Armandine, descendant. — Ah ! non, nous n’y sommes pas ! Ca n’aurait qu’à être encore Pluplu, et alors, une histoire ! Bernique ! j’aime pas les peignées, moi !

Elle remonte.

Rédillon. — Eh bien ! Où vas-tu ?

Armandine, à la porte de droite. — Me rhabiller, donc ! Si c’est une femme ! Bonsoir, je file à l’anglaise.

Scène IV

Les Mêmes, Gérome, puis Lucienne, puis Rédillon

Voix de Gérome. — Non, madame, il n’y est pas ! Je suis sûr !… (Passant la tête par la porte du fond, à voix basse mais de façon à être entendu de Rédillon.) C’en est une. Fiche ton camp !

Rédillon. — Filons !

Ils rentrent à droite, deuxième plan.

Gérome, dégageant la porte du fond. — Tenez, madame, voyez vous même, si vous ne me croyez pas !

Lucienne, entrant. — Personne !

Gérome. — Je vous répète qu’il n’est pas là !

Lucienne. — C’est bien ! Dites-lui que c’est Mme Vatelin qui veut lui parler.

Gérome. — Mme Vatelin ! La femme de son ami, M. Vatelin, chez qui il va si souvent ?

Lucienne. — Parfaitement.

Gérome. — Oh ! mais alors, c’est autre chose ! Je vous demande pardon, madame, je vous avais prise pour une cocotte !

Lucienne. — Hein !

Gérome, appelant par la porte de droite. — Ernest, c’est Mme Vatelin !

Voix de Rédillon. — Qu’est-ce que vous dites ?

Gérome. — C’est Mme Vatelin (À Lucienne.) Le voici !