Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/52

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Pacarel. — Quel Spartiate !…

Dufausset. — C’est égal, je ne l’oublierai jamais. (Chantant d’une voix de tête.) "O salutaris hostia !"

Pascal. — C’est tout à fait ça.

Dufausset. — Et ça ne vous donne qu’une faible idée.

Pacarel, le prenant à part. — Dites-donc ! Et moi qui croyais que vous faisiez la cour à Mme Landernau ?

Dufausset, ahuri. — Je ne saisis pas le rapport.

Landernau, le prenant à part. — Dites-donc, figurez-vous que j’étais persuadé que vous cultiviez Mme Pacarel.

Dufausset : — Ah ! çà ! ils se donnent le mot !

Landernau et Pacarel, lui serrant chacun la main. — Oh ! pauvre ami !

Pacarel. — Et maintenant, je récris à l’Opéra… vous tâcherez d’être brillant, d’ailleurs peu m’importe maintenant que j’ai le secret ; essayons-nous, Landernau ?

Landernau. — Essayons, Pacarel.

(Ils retirent leurs mouchoirs qu’ils agitent.)

Ensemble :

Pacarel. — "Coucou… Ah ! le voilà !"

Landernau. — "Colimaçon borgne !"

Dufausset, passant au troisième plan. — Hein ! Ah ! le… Ah ! non, merci, pas tout le temps, j’en ai assez, moi !

Pacarel. — Vous avez raison… il vaut mieux se réserver pour la grande occasion. (À part.) Ah ! c’est égal, ce pauvre Dufausset ! (Haut.) Landernau, allons faire notre lettre !

Landernau. — Allons, Pacarel.

Ils sortent par la gauche. Pacarel sort le dernier.

Scène IV

Dufausset, puis Marthe

Dufausset. — Oh ! oui, j’en ai assez ! j’y ai été pris hier ! mais on ne m’y reprendra plus ! (Chantant.) "Salut demeure chaste et pure !…" C’est vrai que j’ai de la voix… et dire que j’ai mis vingt-quatre ans à m’en apercevoir. (Chantant.) "Salut, demeure chaste et pure ! Salut demeure…" Ce matin, à cinq heures comme c’était convenu, après une nuit blanche ou à peu près… car j’ai eu le cauchemar tout le temps. J’ai rêvé d’hippopotames. À cinq heures, je saute à bas de mon lit et, tout palpitant, je descends dans la serre… Je me dis : "Elle va venir, je l’attends !" Eh ! bien, j’ai attendu comme cela jusqu’à huit heures… Je vous demande un peu… Si elle n’avait pas l’intention de venir, elle n’avait pas besoin de fatiguer son mari et l’autre à agiter des mouchoirs.

Marthe, venant du fond. — Ah ! vous voilà, monsieur !

Dufausset. — Ah ! vous voi… j’allais vous le dire, madame.

Marthe. — Vous trouvez que c’est comme il faut de faire poser les femmes ?

Dufausset. — Ah ! elle est forte celle-là !

Marthe. — Une heure, monsieur ! une heure j’ai attendu… et j’aurais peut-être attendu encore sans Bibiche.

Dufausset. — Bibiche ?… Ah ! oui, la grosse.

Marthe. — Eh ! oui, Bibiche, qui a surgi à trois heures sonnantes