Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/57

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Dufausset. — Ah ! ce n’est pas parce que Pacarel me voit que…

Landernau, à Pacarel. — Ne crois pas ce que tu as vu, tu sais… Ça a l’air !… (À part.) Oh ! l’imprudent !

Pacarel, éclatant de rire. — Ah ! laisse donc ! Elle est bienne bonne… l’échappé de la Chapelle. (passant au deuxième plan et allant à Dufausset) Hé ! petit poseur, va !

Il lui tape sur la joue en riant et remonte. Marthe remonte également.

Landernau. — Ah ! bien, il est de bonne composition !

Marthe, à Pacarel. — Ah ! mon ami, ne va pas supposer…

Pacarel. — Mais puisque j’en ris…

Dufausset à Landernau. — Au moins ne croyez pas tout ça… je n’aime pas votre femme, vous savez.

Landernau. — Tiens, parbleu !…

Dufausset. — J’avoue que les apparences sont contre moi !… Mais c’est pour sauver une situation… c’est sa femme que j’aime…

Landernau. — Ah ! Mais vous savez, vous n’avez pas besoin de me le dire, ça se voit…

Dufausset. — Et si vous m’avez vu aux genoux de madame, c’est pour détourner les soupçons de Pacarel.

Landernau. — Drôle de façon par exemple !

Marthe, à Pacarel. — Eh bien, voulez-vous que je vous dise, votre calme me blesse plus que votre colère.

Pacarel. — Je te dis que je suis calme parce que je sais qu’il n’est pas dangereux.

Amandine, arrivant du fond et allant à son mari. — Ah ! non !… non !… le café, je ne l’avalerai pas.

Dufausset. — Elle !… c’est le ciel qui l’envoie. (Revenant à Pacarel.) Vous savez, je vous le dis d’avance, votre femme, je m’en moque comme d’une guigne.

Pacarel. — Hein ?

Dufausset. — Seulement, je vous demande pardon de ce que je vais faire !… C’est pour sauver la situation… aux yeux du mari. (Il saute au cou d’Amandine.) Ah ! Marthe, Marthe, je t’aime !

Amandine. — Ah ! mon Dieu !

Landernau. — Hein ! ma femme !

Amandine. — Vous êtes fou, mon mari…

Dufausset. — Ne craignez rien, je l’ai prévenu.

Landernau. — Monsieur, mais vous perdez la tête !

Dufausset. — Puisque je vous dis que je l’ai prévenu. (À Amandine.) Ah ! Marthe, tu es belle !

Amandine. — Marthe !… Il m’appelle Marthe !… Je m’appelle Amandine, monsieur !

Elle remonte avec dépit jusqu’à la porte de gauche deuxième plan.

Dufausset. — Hein ! comment Amandine ? Amandine ? c’est madame ?

Marthe, avec dédain jusqu’à la porte de droite deuxième plan. — Je m’appelle Marthe, monsieur… Marthe Pacarel.

Dufausset. — Hein ! Marthe… Paca… Marthe Pacarel, c’est vous ? et Amandine c’est… pendant que… Ah ! quel pétrin !

Marthe et Amandine, avec mépris. — Pffu !

Elles sortent, la première par la droite, la deuxième par la gauche.