Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 2, 1948.djvu/58

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Landernau et Pacarel, éclatant de rire devant la mine dépitée de Dufausset. — Ah ! ah ! ah ! ah !

Dufausset. — Ah ! messieurs… je vous assure… croyez que…

Pacarel, riant toujours et tout en remontant vers la porte de gauche. — Ah ! mais continuez donc, mon cher ami, de vous ça m’est bien égal.

Landernau, riant également en suivant Pacarel, — Allez ! allez ! nous ne sommes pas jaloux.

Ils sortent tous les deux à gauche en se moquant de Dufausset.

Scène IX

Dufausset, puis Lanoix

Dufausset. — Il n’y a pas à dire… ils se moquent de moi… (S’asseyant à droite.) Ah ! çà ! je n’y comprends plus rien… il s’est donc fait des changements depuis deux jours… Comment, on me présente une grosse Marthe et une exquise Amandine et voilà que la grosse Marthe se trouve être la grosse Amandine et l’exquise Amandine devient l’exquise Marthe… La femme de Pacarel est la femme de l’autre pendant que la femme de l’autre devient… c’est à n’y rien comprendre… (Se levant.) Ce doit être eux qui se trompent… pas possible !… ou bien, c’est un tour de passe-passe comme aux cartes… Mais alors je ne sais plus… à qui ai-je fait la cour ? quel mari ai-je été sur le point de tromper ? Quel est le serin qu’il faut soigner… Enfin, comment sont-ils mariés tous ces gens-là ?… Ah ! peut-être bien sous le régime de la communauté de femmes… le libre échange dans le mariage ! Ah ! dame, avec le progrès…

Lanoix, du fond. — Bonjour, monsieur Dufausset.

Dufausset. — Tiens, bonjour… c’est vous… je vous remercie… ça ne va pas mal.

Lanoix. — Ah ! tant mieux… et vous vous portez bien ?

Dufausset. — Mais comme je viens de vous le dire.

Lanoix. — Ah ! c’est vrai, vous venez de me le dire…mais je ne vous l’avais pas demandé.

Dufausset. — Vous avez raison… C’est étonnant comme on a l’air, bête quand on ne vous demande pas comment vous allez… et que vous répondez : je vous remercie, pas mal et vous…

Lanoix. — Heureusement que ça arrive tous les jours. Vous n’avez pas vu monsieur Pacarel ?

Dufausset. — Il me quitte à l’instant. (Chantant.) Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah !

Lanoix. — Vous êtes souffrant, voulez-vous de la gomme ?

Dufausset. — Merci, je me fais la voix.

Scène X

Lanoix, Dufausset, Pacarel, Julie

Pacarel, venant de gauche. — On nous dit que vous êtes là, mon cher Lanoix… je descends quatre à quatre vous serrer la main et vous amener votre fiancée, pendant que ma page sèche… Je suis en train d’écrire une lettre importante… Votre mère va bien, votre sœur ?…