Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 3, 1948.djvu/28

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Emilienne. — Papa m’a dit qu’il allait me faire sa déclaration, je suis tout émue… (Descendant à Boriquet.) Mon père m’a dit que vous désiriez me parler.

Boriquet. — Vous ?… Oh ! qu’elle est laide ! Oh ! le monstre !

Emilienne, ahurie. — Hein ?

Boriquet. — Oh ! cette hure !… Où avez-vous pris ça ? Cachez-moi ça !

Emilienne. — Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce qu’il a ?

Boriquet. — Ah ! pouah ! Tiens ! Ah !

Il tire la langue en faisant une affreuse grimace.

Emilienne. — Il devient fou !… (A Gérard.) C’est vous… vous, qui voulez m’épouser ?

Boriquet. — Moi entrer dans la famille de votre idiot de père…

Emilienne, elle se sauve en gagnant la droite. — Oh !

Boriquet, la poursuivant. — Moi épouser une potiche comme vous ! Ah ! bien ! Ah ! là là !… Veux-tu t’en aller, petit monstre !… Veux-tu t’en aller !

Emilienne. — Ah ! mon Dieu, papa ! papa !

Elle se sauve, affolée.

Boriquet. — Oh !… qu’elle est laide !… qu’elle est laide !

Il revient à sa place près du bureau.

Scène XVII

Boriquet, Justin, puis Valencourt et Emilienne, puis Francine

Justin. — Parfait ! C’est très bien ! Je n’ai pas perdu une parole ! Et maintenant le docteur va venir… Boriquet sais-tu ce que tu es !

Boriquet. — Non !

Justin. — Tu es un singe au milieu des forêts d’Amérique ! N’est-ce pas que tu es un singe ?

Boriquet. — Oui ! oui !

Il fait claquer sa langue comme un singe, avec des mouvements simiesques.

Justin. — Parfait… (Voyant entrer Valencourt suivi d’Emilienne.) Le beau-père, tout va bien !

Il remonte un peu et se tient au fond de la scène.

Emilienne, suivant son père, d’une voix suppliante. — Oh ! papa ! papa !

Valencourt. — Laisse, Emilienne ! (A Boriquet qui, pendant tout ce qui précède, a fait une mimique de singe, mais peu exubérante.) Ah ! çà, Monsieur, que me dit ma fille ?

A ce moment, Boriquet fait un bond qu’il accompagne de claquements de langue et de gestes de singe.