Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 5, 1948.djvu/229

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ailles.

Un Vendeur. — Demandez "La Vie au Grand Air".

Le Brison, de son échelle. — Qu’est-ce qui mène ? La Renault ?

Rudebeuf, au pied de l’échelle. — Je ne sais pas ! Je crois que c’est Choudart.

Un Vendeur. — "L’Auto" ! Qui veut "l’Auto" ?

Le Brison, descendant de l’échelle. — Oh ! "l’Auto" ! Ce doit être dedans ! Eh ! petit ! (Tous en courant après le vendeur, parlant à Rudebeuf.) Si vous n’avez pas de chaise, montez sur mon échelle.

Rudebeuf. — Non ! Je suis avec ces dames.

Il va rejoindre Mme Grosbois.

Le Brison. — Eh ! petit ! "l’Auto" !

Phèdre entre ; au bras de Chatel-Tarraut.

La Foule. — L’Itala ! c’est l’Itala !

Passe une auto.

Phèdre, donnant le bras à Chatel-Tarraut. — Oh ! oui, j’aime mieux ici. Aux tribunes, c’est pas rigolo !

Chatel-Tarraut, sa chienne sous le bras. — Rigolo, ça ne l’est nulle part ! Très heureux d’avoir pu vous servir de cavalier.

Phèdre. — Et moi de caniche.

Chatel-Tarraut. — Oh ! Oh ! Pouvez-vous dire. J’avais Tchaï-Nou.

La Foule. — La Panhard ! C’est la Panhard ! (Passe l’auto, cri instinctif de la foule.) Ah !

Une Voix. — Non, il n’a rien.

La Foule. — Il n’a rien ! Il n’a rien !

Madame Grosbois. — Ah ! Jésus-Marie ! un doigt de plus et ça y était !

Gabrielle. — Ah ! que j’ai eu peur !

Rudebeuf. — Ah ! c’est que ce virage, s’il est mal pris !

La Foule. — La Brasier ! La Brasier ! (Passe l’auto.) Bravo !

Phèdre. — Oh ! mais, on ne voit rien. Il sont tous là, perchés. (A un spectateur.) Dites donc, elle est libre, votre échelle ?

Un Spectateur. — Non, elle est louée.

Phèdre. — Par qui ?

Un Spectateur. — Je ne sais pas son nom ! un gros monsieur âgé.

Phèdre. — Ah ! ça va bien, c’est mon père.

Un Spectateur. — C’est votre père ?

Phèdre, grimpant sur l’échelle. — Qu’est-ce que je risque ! Vous ne voulez pas un échelon, monsieur Chatel-Tarraut ?

Chatel-Tarraut. — Oh ! non, non, merci ! c’est l’heure des petits besoins de Tchaï-Nou, il faut que je la promène.

Il la pose à terre.

Phèdre. — Oh ! Je serais désolée de la retenir.

Chatel-Tarraut. — Elle aussi !

Gabrielle. — Ma tante ! Encore cette chipie, là-bas, sur l’échelle.

Madame Grosbois. — Eh ! bien, ne regarde pas, ne regarde pas.

Gabrielle. — Ah ! celle-là ! si jamais…

La Foule. — La Mercédès ! La Mercédès !

Passe l’auto.

Chatel-Tarraut, s’en allant. — Va, Tchaï-Nou, ne t’intimide pas ! Tous ces gens sont sans importance !… Fais comme chez moi, Tchaï-Nou, fais comme chez moi !