Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/222

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Snobinet. — Amusé ! amusé ! dans Metternich…

Philomèle. — C’est ça !

Snobinet. — C’est un rôle dramatique.

Philomèle. — Oui ! ah ! c’était bien gentil ! y a pas d’autre mot ! C’était bien gentil.

Snobinet. — Trop aimable.

Philomèle, se levant. — Oh ! mais Monsieur n’a pas peur de prendre froid comme ça ? Monsieur devrait s’habiller.

Snobinet. — Ben… oui ! mais… c’est que mes effets sont restés par là !… Dans la précipitation, vous comprenez…

Isidore, se levant. Si Monsieur veut que j’aille les chercher.

Snobinet, se lève à son tour. — Non, non…

Philomèle. — Au moins que monsieur s’entoure avec la couverture de la table de la salle à manger…

Isidore. — Mais oui.

Philomèle. — Elle est en molleton. Ça tiendra lieu de plaid à Monsieur.

Snobinet. — Oh ! vraiment, c’est trop aimable.

Philomèle, qui l’a entouré du molleton le lui fixe à la taille par une épingle anglaise piquée par devant. — Là ! Monsieur n’est pas mieux comme ça ?

Snobinet. — Oh ! si ! Et maintenant, vous n’auriez pas un autre endroit qu’ici… (Isidore le regarde.) Parce que s’il prenait fantaisie à Monsieur de Vieuxville de sortir de la chambre…, comme je ne le connais pas, n’est-ce pas, il pourrait s’imaginer des choses !…

Isidore. — Oui, oui ! Oh ! ben, c’est un homme charmant. Quand Monsieur le connaîtra !

Snobinet. — Oui, mais j’aime autant faire sa connaissance une autre fois.

Isidore. — Oui, je comprends. Enfin Monsieur préférerait plutôt se cacher.

Snobinet. — Se cacher,… se cacher,… c’est un bien gros mot. S’il y avait un endroit où je ne risquerais pas de le rencontrer…

Isidore. — Oui, oui. Y a bien le petit endroit,… seulement, on y va.

Snobinet. — Ah ! non, merci ! pour être grotesque. J’évite avant tout de me trouver dans une situation ridicule.

Isidore. — Oui ! Si monsieur veut m’en croire,…. je ne ferais rien de tout ça ! Au lieu d’aller m’enfermer au risque de me faire pincer, moi, j’userais de toupet ; je passerais un tablier et je m’assierais avec nous à la table, là… à nettoyer l’argenterie… Ce serait le meilleur moyen de ne pas attirer l’attention si Monsieur venait.

Snobinet. — Vous croyez !

Isidore. — Oh ! s’il vous voit là, nettoyant…, il ne peut pas supposer, n’est-ce pas ?

Philomèle, enlevant son tablier. — Mais oui, il a raison.

Snobinet, — Ah ! ah ! ah !

Isidore. — Et puis, ça sera autant de moins à faire pour nous.

Philomèle, lui passant le tablier. — Tenez, monsieur, passez ça !

Snobinet. — Oh ! comment reconnaîtrai-je ?

Isidore. — Monsieur nous donnera des places pour aller le voir faire l’Aiglon.

Snobinet. — Ça, avec plaisir ! (Se fouillant.) J’ai justement mon service sur moi… ah ! non, je suis bête… il est dans mon veston.

On entend un bruit de voix dans la chambre de Paulette.