Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/232

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Serge. — Que tu t’en procures d’autre.

Paulette. — Ben ! qu’est-ce que tu veux !

Serge. — Oui, évidemment, un autre amant !

Paulette. — Oh ! si peu ! Et tu verras quelle gentille petite maîtresse tu auras. Une maîtresse toute nouvelle, comme tu ne la connais pas. Jamais, tu entends ! Jamais je ne te tromperai.

Serge. — Oh !

Paulette. — Oh ! non, toutes les fois, tu sauras.

Serge, hochant la tête. — Ah !

Paulette. — Et pour commencer, je ne veux avoir rien de caché pour toi. Tiens, tu vas voir ! (Levant le molleton de la table.) Venez, Monsieur Snobinet.

Snobinet. — Hein ! comment !

Serge, ahuri. — Ah !

Paulette. — Vous pouvez sortir, maintenant.

Snobinet, stupide. — Ah !

Paulette. — Oui, oui, ne restez pas sous la table, ça n’est plus nécessaire.

Snobinet. — Ah !… Bien ! (Il sort de dessous la table.) Je vous demande pardon…

Serge. — Il était sous la table ?…

Snobinet. — Monsieur.

Paulette, présentant. — Monsieur Snobinet, dont nous parlions tout à l’heure !

Serge. — Aha !… Bonjour, monsieur.

Snobinet, s’inclinant. — Monsieur !… Excusez-moi, je m’étais mis là… en attendant.

Serge. — Oh ! mais alors, le chien, tout à l’heure… C’était vous ?

Snobinet. — Hein ! oui, oui,… en effet, j’ai eu l’honneur…

Serge. — C’est vous, Paf ?

Snobinet. — C’est moi, Paf.

Serge. — C’est vous Paf ! oui, oui… C’est extraordinaire comme vous ressemblez à la fille de cuisine ! C’est pas votre sœur ? (Rire gêné de Snobinet.) C’était vous ? Je m’en doutais !

Snobinet. — Oui, oui, C’était… moi.

Serge. — Ah ! monsieur, enchanté. Justement, je vous rapportais votre pantalon !

Snobinet. — Oh ! monsieur, croyez bien que je n’avais aucune inquiétude.

Serge. — Votre confiance m’honore ! Figurez-vous que sur le premier moment, comme je le disais à notre amie Paulette, je n’avais qu’une idée, vous rencontrer pour vous flanquer mon pied au derrière.

Snobinet, riant jaune. — Oh ! quelle fantaisie !

Serge. — Et maintenant, regardez comme c’est drôle, au lieu du pied c’est la main que je vous tends ! est-ce assez curieux ces sautes d’humeur, hein !… mon cher monsieur Snobinet.

Snobinet. — Oh ! croyez que c’est moi, au contraire.

Paulette, à Snobinet. — Avoue qu’il est gentil.

Snobinet. — Délicieux !

Serge. — Oh ! mais, je vous en prie, que je ne vous empêche pas de passer votre pantalon ! Vous devez geler ainsi ! mes chemises sont si légères car, si je ne me trompe, c’est une chemise de nuit à moi que vous avez.

Snobinet. — Ah ! c’est… c’est à vous ?

Serge. — C’est à Moi, oui, oui !