Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mittwoch. — Ah ! c’est vrai, au fait ! Tiens-toi bien, c’est bombardant. Il s’agit du duc don Fernando de Grenade, riche, 20 ans, cousin germain du roi, d’Espagne.

Paulette. — Non !

Mittwoch. — Un peu mon neveu ! et candidat éventuel au trône dans le cas où la branche actuelle disparaîtrait.

Serge. — Oh, ben ! ça !

Mittwoch. — Je crois que c’est pas de l’eau de cuvette, comme on dit… Eh ! bien, si tu veux, ça ne dépend que de toi.

Paulette. — Le cousin du Roi d’Espagne.

Mittwoch. — Il viendra après le déjeuner prendre le café avec nous.

Paulette. — Avec nous ! Mon Dieu, et j’ai pas de trône… Oh !

Mittwoch. — Laisse donc ! pourvu que tu aies du café… D’ailleurs, je serai là, et c’est un peu pour ça que j’ai amené le prince Actinescu… Il a l’habitude des cours, tout ça c’est cousin et compagnie.

Scène XV

Les Mêmes, Isidore, Actinescu.

Isidore. — Son Altesse le prince Actinescu.

Mittwoch. — Oh ! quand on parle du loup ! Monseigneur !

Paulette, faisant la révérence. — Altesse !

Serge s’incline.

Actinescu, à Paulette. — Je suis confus vraiment, belle dame, de venir ainsi m’imposer à votre déjeuner ! c’est d’une incorrection !

Paulette. — Oh ! Monseigneur, quand on est prince, on peut être incorrect ! c’est très chic !

Actinescu, baisant la main de Paulette. — Vous êtes trop indulgente. (A Serge.) Monsieur…

Paulette. — Monsieur Serge de Vieuxville, mon ami.

Actinescu. — Enchanté !

Serge, s’inclinant. — Très honoré, monseigneur.

Mittwoch. — Eh ! voilà, monseigneur, j ai parlé à Paulette du Duc Fernando, ça biche !

Actinescu, étonné, regardant Serge. — Mais…

Serge, comprenant sa pensée. — Non, non ! ex-amant ! Ex-amant ! Je ne le suis plus.

Actinescu. — Ah ! je me disais aussi…

Mittwoch. — Oui, c’est fini, eux deux ! alors, c’est convenu ; on fera la présentation tout à l’heure :

Actinescu. — Parfait ! parfait ! Ah ! dites-moi, Mittwoch, je voudrais vous dire un mot pendant que nous sommes-là.

Mittwoch. — A vos ordres, monseigneur.

Actinescu. — Vous permettez ?

Paulette. — Oh ! Monseigneur, vous êtes chez moi,… c’est-à-dire chez vous.

Actinescu. — Ah, vraiment !… (Prenant Mittwoch à l’écart.) Eh ! bien voilà…

Il lui parle bas.