Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/258

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VI====

Isidore, Paulette, Mittwoch.

Paulette. — Mon petit Isidore ! ça me fait plaisir de vous voir.

Isidore. — Ah ! ah !

Mittwoch. — Oui ! Ça nous fait plaisir de vous voir.

Isidore. — Ah ! ah !

Paulette, l’entraînant sur la chaise-longue. — Venez-là ! près de moi !

Isidore, résistant doucement. — Oh ! non, non, madame.

Paulette. — Pourquoi, voyons !

Isidore. — Ça n’est pas correct ! Moi, un domestique.

Paulette. — Encore ! ne dites donc plus ce mot-là ! ça me fait de la peine ! (Sur un ton câlin.) Venez !

Isidore, honteux. — Oh ! tout de même…

Mittwoch, le poussant de façon à le faire tomber sur la chaise-longue. — Mais faites-donc pas l’imbécile, voyons !

Isidore. — Oh !

Mittwoch. — Quand une jolie femme vous dit…

Isidore, qui, en tombant a cogné Paulette. — Oh ! oh !… Je n’ai pas fait mal à madame ?

Paulette. — Du tout ! du tout ! au… au contraire.

Isidore. — Ah ! tant mieux !

Paulette. — J’avais hâte de voir tous ces indifférents s’en aller pour causer un peu avec vous… en amie.

Isidore. — Avec moi ?

Mittwoch. — Nous sommes si heureux de ce qui vous arrive.

Paulette. — Oh ! oui.

Isidore. — Oh ! ben… et moi aussi.

Mittwoch. — Ah ! vous, évidemment ! mais vous ! vous, il n’y a pas de mérite.

Isidore. — Non ! mais ça fait plaisir tout de même !

Paulette, approuvant. — Tiens !

Mittwoch. — Ainsi c’est vrai, vous avez vu le notaire ? Il vous a dit ?

Isidore. — Oui, Monsieur, oui… Il m’a montré le testament ! il y a un peu plus de cent millions.

Paulette. — Non !

Mittwoch. — Un peu plus de cent millions ! Mais un peu plus de cent millions, ça fait encore plus que cent millions !

Isidore. — Oui ! mais… peu de chose. Deux ou trois millions, je ne sais pas.

Mittwoch. — Ça ne fait rien ! c’est considérable !

Paulette. — Et ça ne vous effraie pas ?

Isidore. — Oh ! non.

Paulette. — Il est admirable.

Isidore. — L’argent, naturellement, n’est pas encore là !

Mittwoch. — Ah !

Isidore. — Il faut le temps de le faire venir. Mais le notaire a été très gentil… Il m’a dit qu’il m’avancerait tout ce que j’ai besoin.

Mittwoch - Il a dit ça, le notaire ?

Isidore. — Oui ! alors, je me suis fait donner cinquante francs, pendant que j’y étais. Ah ! c’est un bien digne homme.