Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/264

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Paulette. — Oh ! oh ! pourquoi dis-tu ça ? Tu n’es plus avec moi, tu n’es plus avec moi… pour le côté sérieux !

Serge. — Eh ! bien, oui…

Paulette. — Mais tout de même il est bien entendu que, tous les deux, on ne va pas comme ça… brutalement… Isidore le comprendra.

Isidore. — Comment ?

Paulette. — C’est même ce qu’il y a de très heureux que ça tombe sur lui, au lieu d’un étranger,… parce que lui, au moins, il n’aura pas d’idées étroites.

Isidore. — Moi !

Paulette. — N’est-ce pas, Isidore ? vous qui êtes habitué à nous voir ensemble depuis si longtemps, que vous comprendrez très bien que de temps en temps, mon Dieu…

Isidore. — Quoi donc ?

Paulette. — Comme ça, de nuit à autre, monsieur et moi…

Serge. — je t’en prie, Paulette.

Paulette. — Mais quoi, c’est pas un sale égoïste ! (A Isidore.) N’est-ce pas que vous ne serez pas jaloux, si parfois monsieur et moi… on…

Isidore. — Hein ! Monsieur et Madame, si… Oh ! mais, comment donc, voyons… Mais toutes les fois que ça fera plaisir à Monsieur et à Madame.

Paulette. — Là, tu vois ?

Isidore. — Ah ! bien, par exemple, ça serait trop fort que moi qui vient prendre la place de monsieur le comte je… ah ! ben… j’sais vivre.

Mittwoch. — je crois qu’il est gentil, hein ?

Serge. — Trop aimable, trop aimable.

Bruits de voix en coulisse.

Voix de Philomèle. — Prenez garde, monseigneur ! Prenez garde de ne pas renverser !

Voix d’Actinescu. — Pas de danger.

Mittwoch. — Attention, mes enfants ! Voilà les alements.

Tous. — Quoi ?

Paulette. — Quels allemands ?

Actinescu entre suivi de Philomèle.

Mittwoch. — Les alements. De quoi qu’est-ce qu’on manche, la boustifaille.

Paulette. — Oh ! les aliments ! tu as une façon de prononcer.

Mittwoch. — Ah ! naturellement. C’est du parti-pris !

Paulette. — Non, mais c’est vrai, quoi ?

Isidore. — Si je peux aider monseigneur ?

Actinescu, se laissant débarrasser. — Attendez ! attendez ! Merci !

Après quoi il retourne à la cuisine, à la suite de Philomèle.

Mittwoch. — Tout de même, on va pouvoir déchner.

Paulette. — Comment veux-tu qu’on se mette à table ! Miette, Firmin et Marguerite de Faust ne sont pas là.

Serge. — Naturellement ! Il faut toujours qu’on les attende.

Mittwoch. — Marguerite de Faust ! Marguerite de Faust ! mais il y a quelque chose de plus important que Marguerite de Faust, Miette Gigot et Firmin Godasse, c’est don Fernando de Grenade qui doit venir prendre le café avec nous ! Tu ne veux pas qu’on soit encore à table et qu’on continue à manger quand il sera là, c’est antiprotocolaire.