Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/269

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Paulette. — Vraiment ? Moi je ne trouve pas.

Mittwoch. — Si, si, elles ont raison !

Philomèle. — Tiens ! moi j’aime ça, Raclure.

Paulette. — Qui est-ce qui vous demande quelque chose, à vous ?

Actinescu. — Elle peut bien avoir un avis.

Paulette. — Ah ! naturellement.

Mittwoch. — Ce serait seulement le baron Raclure.

Miette. — Oh ! et même, baron Raclure, ça a quelque chose de miteux.

Isidore, tout en se levant. — Vraiment ? Tiens !

Paulette. — Où allez-vous ?

Isidore. — je vais passer le vin.

Paulette. — Mais non ! mais non ! Tenez, Godasse, vous qui êtes le plus jeune.

Firmin. — C’est ça ! C’est ça !

Serge. — L’Yquem, d’abord.

Paulette. — Tiens ! tu daignes ouvrir la bouche, toi ?

Marguerite. — Oh ! non, baron Raclure ! Pourquoi ne pas faire comme nous autres ? prendre un nom de fantaisie ; au moins, on le choisit à son goût.

Snobinet. — C’est vrai !

Firmin. — Château Yquem !

Marguerite. — Ainsi moi, Marguerite de Faust ! C’est pas mon vrai nom, vous savez.

Paulette. — Ta parole !

Marguerite. — Ma parole.

Firmin. — Château Yquem.

Snobinet. — Il y a des noms si chics : Lagardère, Coconnas, Bragelonne.

Firmin. — Château Yquem.

Snobinet. — Chat… mais non, non ! ah ! Château Yquem !… oui, oui !

Il tend son verre.

Paulette. — Mais, sans se mettre la cervelle à l’envers, pourquoi pas le nom du pays où vous êtes né ?

Isidore. Ah ! oui…

Miette. — Auquel on ajoute "comte" ou "marquis".

Paulette. — Voilà ! vous pourriez prendre le nom de votre pays.

Isidore. — Oui !

Paulette. — Comme s’appelle-t-il ?

Isidore. — Pissefontaine.

Tous. — Ah ! non !

Isidore. — Près d’Andresy.

Marguerite. — Non ! marquis de Pissefontaine !

Tous. — Non.

Mittwoch. — Mais qu’est-ce que vous allez chercher ! des noms de pays… des Pissefontaine ! Tout ça c’est de la fantaisie… Quand, comme Raclure, on a les moyens, eh ! bien on s’y prend autrement pour entrer dans l’aristocratie… Est-ce que le pape n’est pas là pour un coup ?

Tous. — Le Pape.

Mittwoch. — Le Pape, oui le Pape ! Regardez Moïse Guttelbach ! comment est-il devenu le marquis de Fiomilcanto ? par le Pape ! et Samuel Hofmeyer, comment est-il comte Alaguesi-Anguillos ? par le Pape ! et comme un tas d’autres à la Bourse. Eh ! bien pourquoi

Raclure ne ferait-il pas comme les autres ? Est-ce que vous tenez à garder le nom de votre père ?

Isidore. — Oh ! non… d’autant que c’est le nom de ma mère.