Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/270

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Marguerite. — Eh ! bien, et votre père ?

Isidore. — je ne l’ai pas connu.

Miette, sur un ton de condoléances. — Ah !

Isidore, à Miette. — Maman non plus ne l’a pas connu !

Tous, étonnés. — Ah !

Isidore. — Non ! ça s’est passé quelques mois avant ma naissance… le jour de l’ouverture de la chasse… Il y avait une meule !… Tout ce que maman se rappelle, c’est que papa avait un tyrolien vert et des guêtres jaunes ! depuis elle ne l’a jamais revu.

Tous, effondrés. — Ah !

Mittwoch, se levant, à part. — Mon Dieu ! quel éclair ! (A Isidore.) Mais alors, si vous n’avez pas de père, vous êtes enfant naturel ?

Tous. — Oui.

Mittwoch. — Mais alors !… quelle inspiration !

Tous. — Quoi ?

Mittwoch, se tournant vers Actinescu. — L’homme au chapeau tyrolien, aux guêtres jaunes… est-ce que ce ne serait pas vous ?

Actinescu. — Moi ! mais non !

Mittwoch. — Mais si ! mais si ! mais voilà qui est encore meilleur que le Pape et tout son Vatican… (A Actinescu.) Prince Actinescu, est-ce que vous ne seriez pas heureux de tenir cent mille livres de rentes d’un fils que vous auriez eu en chapeau tyrolien et en guêtres jaunes ?

Tous. — Hein !

Mittwoch. — Isidore Raclure, est-ce que vous ne seriez pas heureux de descendre de l’ancienne famille régnante de Valachie par un père naturel auquel vous feriez cent mille livres de rente ?

Isidore. — Ah ! si !

Tous. — Ah !

Mittwoch. — Eh, bien ! il y a un fils à prendre, il y a un père à donner ! Qu’attendez-vous pour laisser parler la voix du sang ?

Actinescu, à part. — Mon Dieu, j’ai compris ! (Descendant et allant à Isidore.) Mon fils ! dans mes bras !

Isidore. — Est-il possible ! moi, monseigneur !

Actinescu. — Appelez-moi "papa" !

Isidore. — Ah ! papa !

Ils se jettent dans les bras l’un de l’autre.

Sonnerie.

Tous, applaudissant. — Bravo !

Paulette. — On a sonné !

Firmin. — je vais ouvrir.

Mittwoch. — je bois à la nouvelle Altesse.

Paulette. — Isidore Raclure, prince Actinescu.

Mittwoch. — Et à son père.

Tous, levant leurs verres. — Hurrah !

Firmin, annonçant. — Madame Raclure !

Tous. — Madame Raclure !

Mittwoch. — Donnerwetter !

Isidore, affolé. — Ma femme ! c’est ma femme !

Mittwoch. — Dites qu’on n’y est pas ! dites qu’on est sorti !

Firmin. — Comment ! mais c’est sa femme !

Mittwoch. — Mais c’est pour ça ! vous n’êtes pas fou de la faire entrer.

Chloé. — Isidore ! Isidore ! Qu’est-ce que je viens d’apprendre ! nous héritons de cent