Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ledoux, sur le devant de la scène, sa liste d’appel à la main. — Dubois !

Dubois. — Présent !

Ledoux. — Planchet !

Planchet. — …sent !

Ledoux. — Champignol ! (Silence.) Eh bien ! Champignol !

Bélouette. — Puni de prison, mon lieutenant.

Ledoux. — Ah ! oui ! C’est l’insoumis ! ce territorial qui a été amené hier par la gendarmerie. Et maintenant, les réservistes ! (Appelant.) Benoît !

Benoît. — Présent !

Ledoux. — Pinçon !

Pinçon. — Présent !

Ledoux. — Lafauchette !

Lafauchette, très poli, tenue d’homme du monde, chapeau melon, très élégant, sortant d’un pas hors du rang et saluant. — Me voici ?

Ledoux. — "Me voici" ! Qu’est-ce que ça veut dire "Me voici" ?

Lafauchette. — Mais ça veut dire que je suis ici !

Ledoux. — Ne faites donc pas le malin, vous, l’homme au melon ! vous n’entendez pas vos camarades qui répondent : "présent" !

Lafauchette. — Je croyais…

Ledoux. — On ne croit pas !… on répond "présent !" (Lafauchette regagne sa place dans le rang. Appelant.) Singleton ! (Silence.) Singleton ! Eh bien ! il n’est pas là, Singleton ?

Bélouette, appelant. — Singleton ! Singleton !

Scène II

Les Mêmes, Mauricette, Singleton, Chamel

Mauricette, sortant précipitamment de l’Hôtel du Cheval-Blanc, suivie de Singleton en civil, puis de Chamel, — Ah ! mon Dieu ! voilà l’appel ! Dépêche-toi, tu vas te faire punir !

Elle fait passer Singleton devant elle.

Singleton, passant au numéro 3. — Voilà ! Voilà !

Ledoux. — Eh bien ! vous, arrivez-vous ?

Chamel, passant au numéro 3. — Pardon, Monsieur ! Permettez-moi d’intercéder pour lui… je suis son beau-père.

Ledoux, passant derrière Chamel et allant au numéro 3. — Fichez-moi la paix, vous !

Chamel. — Bien, Monsieur.

Mauricette, embrassant Singleton. — Au revoir, mon chéri !

Singleton. — Adieu, ma mignonne !

Ledoux. — Eh bien ! dites-donc, là-bas, vous n’avez pas fini ?

Singleton se place dans le rang, entre Pinçon et Lafauchette.

Chamel, à Ledoux, indiquant Mauricette et Singleton. — C’est des moineaux !… c’est des moineaux !

Ledoux. — Qu’est-ce que vous dites ?

Chamel, interloqué. — Rien ! (Passant devant Ledoux, Singleton et Mauricette, et se dirigeant vers l’hôtel. À Mauricette.) Viens ! Mauricette ! il n’est pas poli, le commandant !