Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 6, 1948.djvu/96

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Célestin. — Justement, c’est ce que je disais à Jérôme !

Camaret, en habit, venant de droite, deuxième plan. — Eh ! Célestin ! Tu ne vas pas faire porter les rafraîchissements ? Nous avons la pépie, là-dedans !

Célestin. — Si mon oncle ! si ! Je viens de dire…

Camaret, à Jérôme se dirigeant vers le buffet en passant sous l’échelle. — Ah ! bien, dépêchez-vous, parce qu’on crève de soif ! (Arrivé sous l’échelle, il s’arrête.) Dites donc, le planton que ma sœur, madame Rivolet, m’a demandé de vous envoyer, est-il arrivé ?

Jérôme. — Oui, mon Capitaine ! Il arrange le lustre.

Il indique le Prince.

Camaret, levant la tête. — Ah ! ah ! eh bien, ne vous gênez pas pour l’employer, si vous en avez besoin pour rincer les verres, nettoyer la vaisselle, à votre disposition. (Au Prince.) N’est-ce pas, planton ?

Le Prince, du haut de son échelle. — Mon capitaine ?

Camaret. — Comment vous appelez-vous, déjà ?

Le Prince. — Prince de Valence.

Camaret. — C’est juste ! eh bien, prince de Valence, vous vous tiendrez à la cuisine, n’est-ce pas ? À la disposition du maître d’hôtel !

Le Prince. — Bien, mon Capitaine ! (À part.) Très honoré !

Camaret. — Vous aiderez à nettoyer les verres !… vous savez nettoyer les verres ?

Le Prince, descendant de l’échelle. — On a négligé de me l’apprendre, mon Capitaine.

Camaret. — Eh bien ! on vous montrera ! Allez !

Le Prince, sortant par le fond en emportant l’échelle. — Quelle décadence !

Camaret, à Jérôme. — Allons, venez, vous ! apportez votre plateau !

Jérôme. — Voilà, mon Capitaine !

Il passe derrière Camaret et se dirige vers la droite avec son plateau.

Camaret. — Eh là ! Pas si vite. (Jérôme s’arrête au n° 4, Camaret prend un rafraîchissement.) Ce n’est pas comme dans l’Evangile ici, les premiers… sont sûrs d’être les premiers. (Jérôme entre à droite, deuxième plan, à Célestin.) Pristi ! Sais-tu qu’il commence à faire chaud par là !

Célestin, passant devant Adrienne et se trouvant au n° 2. — Dame, mon oncle ! le tout Clermont est là !

Camaret. — Dis donc, et ton fameux Saint-Florimond ?

Célestin. — Le fait est qu’il n’arrive pas vite pour un prétendu.

Adrienne, à part. — Est-il pressé de le voir arriver !

Camaret. — Est-ce que tu le connais, toi, ce Saint-Florimond ?

Célestin. — Non ! il n’y a que maman !… c’est même ce qu’il y a de gênant ! C’est que, maman malade… c’est moi qui vais être obligé de vous le présenter, et je ne l’ai jamais vu…

Camaret. — Ah ! bien, tu le reconnaîtras… à son nom !… Je rentre dans le gouffre ! Quand il arrivera, tu m’appelleras !

Célestin. — Oui, mon oncle.

Camaret sort par la porte, deuxième plan.