Scène II
Adrienne, Célestin
Adrienne, à part, sur le devant de la scène et au milieu. — Et dire qu’il me laissera me marier… et qu’il ne comprendra rien !…
Célestin, va au buffet en passant derrière Adrienne et se verse un verre de Champagne. — Tu ne veux pas faire comme moi, Adrienne ? un peu de Champagne ?…
Adrienne. — Volontiers !
Célestin lui donne un verre de Champagne, Adrienne en boit une partie.
Célestin, à part, regardant Adrienne. — Elle est jolie comme ça !
Adrienne. — Pourquoi me regardes-tu comme ça ?
Célestin. — Sais-tu que je t’ai admirée, tout à l’heure ! Tu fais les honneurs comme personne !…
Adrienne, lui donnant son verre. — Ah ! c’était pour ça !
Célestin, le verre à la main. — Oui ! Tu ferais une exquise maîtresse de maison !…
Adrienne. — Il faut bien, puisque je vais me marier !
Célestin. — J’ai même regretté que M. de Saint-Florimond ne fût pas là pour te voir.
Adrienne, d’un ton piqué. — Ah ! tu as regretté ! Il aura le temps de s’en apercevoir, si je l’épouse !
Célestin. — C’est évident ! c’est évident !
Ne sachant que dire, il se trompe et porte à ses lèvres le verre d’Adrienne qu’il prend pour le sien.
Adrienne, vivement. — C’est mon verre ! le verre dans lequel j’ai bu !
Célestin. — Oh ! pardon !
Il repose le verre sur le buffet.
Adrienne, piquée. — Voilà une chose que M. de Saint-Florimond n’aurait pas faite à ta place.
Célestin. — Quoi donc ?
Adrienne. — De ne pas boire dans un verre parce que j’y ai trempé mes lèvres !
Célestin. — Dame, écoute donc ! Je n’ai aucun droit, moi ! Tandis que M. de Saint-Florimond… qui dit prétendu, dit amoureux…
Adrienne. — Tandis que toi, tu ne l’es pas, amoureux ! voilà ce que tu veux me dire, n’est-ce pas ?
Célestin. — Dame ! puisque je ne suis pas prétendu !
Adrienne. — C’est très juste !
Célestin, à part, la regardant. — Mon Dieu ! qu’elle est jolie ! (Haut.) Sais-tu que si tu n’étais pas ma cousine, je te ferais la cour ?
Adrienne. — Je regrette alors que nous soyons cousins !
Célestin. — Tu es moqueuse ! Ah ! M. de Saint-Florimond pourra se vanter d’avoir une femme adorable ! Du reste, tu peux compter sur moi pour lui faire l’article.
Adrienne. — Trop aimable !