Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/100

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Paginet. — Mais absolument !… ça se fait toujours. Quand quelqu’un est décoré, on sait très bien qu’on envoie des cartes.

Madame Paginet. — Oui, à la personne.

Paginet. — Ah ! ça !… se sont des nuances. Tiens, Simone, va avec lui, tu l’aideras !

Madame Paginet. — Ah ! bien ! J’y vais aussi ! (À part.) Ah ! je réponds bien que ces cartes ne partiront pas !

Elle entre à droite avec Dardillon et Simone.

Paginet, qui les a accompagnés jusqu’à la porte. — C’est ça !… allez !… (Il descend en scène, remontant vivement jusqu’à la porte de droite.) Ah ! et puis, au-dessous, vous mettrez : "Avec tous ses compliments."

Scène VI

Paginet, Joseph

Joseph, paraissant au fond au moment où Paginet est sur le point d’entrer à droite. — Monsieur !

Paginet. — Quoi ?

Joseph. — C’est un monsieur qui demande à parler au nouveau chevalier de la Légion d’Honneur.

Paginet. — Oui !… Eh bien ! faites entrer. Je suis à lui tout de suite. (Entrant à droite.) N’est-ce pas, mettez bien : "Avec tous ses compliments".

Scène VII

Joseph, Rasanville

Joseph, Parlant au fond. — Monsieur peut entrer !

Rasanville, entrant du fond, tenue élégante et un ruban rouge à la boutonnière. Il est très myope ; saluant autour de lui. — Madame, madame.

Joseph. — Mais madame n’est pas là, monsieur.

Rasanville. — Il me semblait aussi que je ne la voyais pas.

Il se cogne dans un tabouret et manque de tomber.

Joseph. — Oh ! prenez garde !

Rasanville. — Merci !… une autre fois, prévenez-moi avant ! Je vous dirai que je suis très myope… et comme je ne porte pas de lorgnon !

Joseph. — Pourquoi ?

Rasanville. — Parce que je trouve que ça nuit à l’élégance. Notre métier à ses exigences ; nous autres reporters mondains, nous sommes pour la pureté du style… dans notre toilette.

Joseph. — Ah ! monsieur est rapporteur ?

Rasanville. — Non ! reporter au journal "La grande vie" et je désire voir le nouveau légionnaire que je suis chargé d’interviewer.

Joseph. — De quoi ?

Rasanville. — D’interviewer, autrement dit l’interroger pour faire son portrait, vous comprenez ?…

Joseph. — Parfaitement ! monsieur peint ?