Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/99

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Paginet. — Es-tu toujours consentante ?

Simone. — Dame ! oui !

Paginet, à Plumarel. — Vous entendez ! c’est son cœur qui parle ! (À Madame Paginet.) Tu entends ce cri de l’âme !… ma chérie, ces deux enfants s’aiment, eh bien ! si tu le veux, nous pouvons faire leur bonheur.

Dardillon et Madame Paginet. — Leur bonheur ?

Paginet. — Oui, tu n’as qu’à consentir comme moi à accorder la main de ta nièce au meilleur des amis !… à ce brave Plumarel !

Madame Paginet. — Si j’y consens ! mais avec joie !

Dardillon. — Ah !

Il tombe sur un fauteuil.

Madame Paginet, à Plumarel. — Mon cher enfant !

Plumarel. — Madame !…

Paginet. — Mon neveu ! dans mes bras !… (Il l’embrasse.) Et maintenant ! embrassez votre fiancée !

Plumarel, à Simone. — Ah ! mademoiselle ! je, suis bien heureux !…

Paginet. — Mais nous le sommes tous, heureux !… Simone, ma femme, moi, Dardillon !… N’est-ce pas, Dardillon ?

Dardillon, bredouillant. — Mais… oui !… oui !…

Paginet. — Là ! vous voyez sa joie ! et maintenant (à Plumarel), allez chercher votre bouquet de fiançailles.

Plumarel. — J’y cours !

Madame Paginet, à Plumarel. — Au revoir, mon neveu.

Elle remonte vers le fond avec Paginet.

Dardillon, bas à Simone. — Ah ! mademoiselle !… c’est indigne !… quand vous m’avez promis…

Simone. — Mais laissez donc faire ! qui dit fiancée ne dit pas mariée.

Dardillon. — Ah !…

Paginet, redescendant avec Madame Paginet. — Ah ! je suis content de moi !… on se sent vraiment le cœur léger quand on a payé une dette de reconnaissance.

Dardillon, entre ses dents. — Oh ! oui !… pour ce que cela lui coûte !

Scène V

Les Mêmes, Joseph

Joseph, entrant du fond. — Monsieur, voilà un paquet de cartes qu’on apporte de chez l’imprimeur.

Madame Paginet. — Des cartes ?

Paginet. — Ah ! oui, je sais. Ce sont des cartes que j’ai fait faire avec "Chevalier de la Légion d’Honneur."

Madame Paginet. — Ah ! mon Dieu ! pourquoi faire ?

Paginet. — Mais pour envoyer à toutes nos connaissances !… tout le monde ne lit pas les journaux.

Madame Paginet. — Hein ?

Paginet. — Tenez, Dardillon, vous allez aller par-là et vous en enverrez à tous les noms qui sont portés sur mon livre d’adresses…

Madame Paginet. — Mais non, voyons, tu ne feras pas ça !…