Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/123

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Paginet. — Tu ne fais que ton devoir. (Il s’assied sur la couronne qui se trouve sur le canapé.).

Madame Paginet. — Ah ! mon Dieu ! Paginet !.

Paginet. — Quoi ?

Madame Paginet. — Tu es sur ma couronne !

Paginet, se levant. — Ah ! Ta couronne !

Madame Paginet. — Oh ! elle est dans un bel état !

Paginet. — Qu’est-ce que tu veux ? Ce n’est pas ma faute ! Si tu ne laissais pas traîner tes trophées sur les meubles.

Madame Paginet. — Enfin, tu pourrais regarder !

Paginet. — Ça va être gai si tu encombres la maison d’emblèmes !

Joseph, entrant du fond. — Madame, ce sont les dames de la Halle qui vous apportent ce bouquet.

Paginet. — Là ! Les dames de la Halle, maintenant !

Madame Paginet. — Ah ! Comme elles sont aimables ! Mais je cours les recevoir, leur donner vingt francs.

Paginet. — Eh bien !… et le menu !

Madame Paginet. — Eh ! bien, tiens !… fais-le donc ! au moins tu commanderas ce qui te plaira !

Paginet. — Moi !

Madame Paginet. — Oui ! Venez, Joseph ! (Elle sort avec Joseph.).

Scène XII

Paginet, Dardillon, Simone, puis Madame Paginet

Paginet. — Moi ! Ah ! c’est trop fort ! Ah ! non ! je ne ferai pas le menu !… Ah ! non ! Ah ! Tu le prends comme ça avec moi ! Ah ! Tu crois que tu vas me mettre sous le boisseau !… Eh bien ! tu vas voir comme ça va aller !… Il faut déployer de l’autorité ?… j’en déploierai !… Ah ! mais… il faudra que ça marche, ici !… (Il remonte et pousse violemment la porte du salon où on aperçoit Dardillon aux genoux de Simone.) Ah !

Simone et Dardillon, se redressant vite. — Ah !

Paginet. — Dardillon aux pieds de Simone !

Dardillon. — Monsieur Paginet !

Simone. — Mon oncle !

Paginet. — Il n’y a pas de monsieur Paginet ! Il n’y a pas de mon oncle ! Vous allez sortir, et un peu vite.

Simone et Dardillon. — Ah ! mon Dieu !

Madame Paginet, rentrant. — Qu’est-ce qu’il y a encore !

Paginet. — Il y a que je viens de surprendre Monsieur aux pieds de ta nièce !

Madame Paginet. — M. Dardillon ?…

Paginet. — Oui !… Voilà ce que c’est !… C’est de ta faute !… Si tu t’occupais de la maison !… si tu surveillais ta nièce !… tout cela ne serait pas arrivé !

Madame Paginet. — Mais, mon ami…

Paginet. — Il n’y a pas de : mais, mon ami !… (À Dardillon.). Quant à vous, monsieur, vous allez sortir ! je vous flanque à la porte !

Dardillon. — Mais, monsieur, j’aime mademoiselle.

Paginet. C’est ça qui m’est égal ! Allez ! Sortez !