Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 8, 1948.djvu/124

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Simone. Eh bien ! non. Il ne sortira pas ! parce que, moi aussi, je l’aime et je l’épouserai.

Madame Paginet. — Hein !

Paginet. — Qu’est-ce que tu dis ? Veux-tu bien rentrer dans ta chambre !

Simone. — Oui, je rentre ! mais je l’épouserai ! vous m’entendez ! et je n’épouserai jamais monsieur Plumarel.

Paginet. — Veux-tu !… (Simone entre à gauche.) (À Dardillon.) Et vous ! voulez-vous filer !

Dardillon. — Ah ! prenez garde, Monsieur !… Si vous me chassez, je retourne chez Pasteur !

Paginet. — Eh ! allez où vous voudrez !

Dardillon. — Oui !… (Il remonte, puis redescend.) Eh bien ! non ! Je n’irai pas chez Pasteur !… Désormais, loin d’ici, je ne serai qu’un désespéré de la vie ! Vous me chassez ! Soit ! je m’en vais ! Mais la première voiture que je rencontrerai allant un peu vite, je vous avertis que je me précipiterai sous ses roues ! Voilà ce que aurez fait, Monsieur ! Et maintenant persistez-vous à rester implacable !

Paginet. — Oui !

Dardillon. — Alors, adieu ! je vais mourir !

Paginet. — Eh ! allez-y !…

Dardillon. — Oui, Monsieur !… (Il sort par le fond.).

Paginet. — Ah ! mais il faudra que ça marche ici ! Il faudra que ça marche !

Madame Paginet. — Ah ! quelle audace !

Paginet. — Ah ! oui ! quelle audace ! ! ! Il est bien temps de le dire ! Voilà où tu nous mènes avec ton fol orgueil !

Madame Paginet, abasourdie. — Mon fol orgueil !

Paginet. — Eh ! oui !… Si tu n’avais pas la tête farcie de ta décoration !… au moins, tu aurais vu ce qui se passe chez toi !

Madame Paginet. — Mais il me semble que toi qui n’avais pas la tête farcie par ta décoration…

Paginet. — Ah ! oui ! C’est ça !… n’est-ce pas !… C’est une façon de me faire remarquer que tu es décorée et que je ne le suis pas ! mais, je le sais, ma chère amie, je le sais !… Tu es une femme supérieure et moi je suis une non-valeur.

Madame Paginet. — Mais je n’ai pas dit…

Paginet. — Oui !… oui !… je sais très bien !… Je ne suis plus rien ici, moi !… Je suis sous le boisseau !… C’est entendu !… Je suis la lune !…

Madame Paginet. — Mais non, mon ami !

Scène XIII

Les Mêmes, puis Joseph, puis La Fanfare

Joseph, accourant du fond. — Monsieur !… Monsieur !… C’est la fanfare de Fontainebleau qui a appris la nomination de Madame et qui vient pour la féliciter !

Paginet. — La fanfare !

Madame Paginet. — Faites-la entrer !

Paginet. — Ah bien !… non ! par exemple !… Tu ne vas pas la recevoir ici. Tu sais, je suis chez moi. À la fin, j’en ai assez !… si nous devons être envahis par tes dames du Comité ! par tes femmes de la Halle ! et par les